Dimanche le 25 août 2013 suite …
Ci dessous: Photos prises au large, lors de notre départ le 28 août 2013 de Lerwick, aux Shetland, Ecosse
Suite de la promenade à Lerwick, le long de l’eau 28 août
M 28/08 Fair Isle, Shetland, Ecosse, 59.32’N 1.36’W 47 mn QPÊ
18:30 L’arrivée à Fair Isle, majestueuse, fait penser à Vetsmann Island en Islande en raison des falaises pleines d’oiseau à l’entrée du port, mais en moins impressionnant quand même! North Haven, ce petit port bien protégé et charmant abrite seulement deux bateaux, Good Shepherd IV et Swan. Good Shepherd est un gros traversier des Shetland et Swan est une ancienne goélette de 1900 basée à Scalloway, mais souvent à Lerwick ou en mer comme charter ou école de voile… Pas de trace de Sarah, les français… Le vent leur était favorable mardi alors ils ont dû prendre de l’avance pour retourner en France d’ici le 15 septembre…
Nous sommes allés marcher jusqu’au promontoire surplombant le port d’un côté et de l’autre, le fameux Fair Isle Lodge and Bird Observatory, reconnu mondialement pour ses recherches scientifiques sur les oiseaux migrateurs.
L 05/08 S, SANDVIK 66.32’ 18.02’W 37.64 milles nautiques. Quai de plaisancier
13 aout 2013
Ce matin nous avons pu naviguer 10 milles avant de faire face à un verrou de glace que nous sommes en train de traverser. Le vent est complètement tombé en même temps alors c’est à la rame que nous sommes en train de slalomer entre les glaces. Nous devons parfois tirer le bateau sur les plaques, cela fait 8 milles que nous y sommes et nous devrions bientôt voir la fin et retrouver des grandes voies d’eau vers le nord.
Nous venons aussi de voir des traces d’ours, nous vous dirons si nous le croisons… Sinon il a fait beau et “chaud” aujourd’hui, et même les duvets ont séché, une belle journée !
Encore accroupie et devant mon écran, loin d’être confortable, j’étais prête à écrire mais rien de très profond ne me venait à l’esprit. Du moment que mes doigts reposaient sur le clavier, je me sentais en train d’effectuer l’une des nombreuses tâches inscrites, celle-ci en gros caractères, sur les innombrables post-its répandus sur le papier bulle argenté qui capitonne l’intérieur de ma cabine. « ÉCRIRE MON BLOG »
À chaque essai, je restais souvent pensive devant mon ordinateur, comme si je me sentais connectée à la toile le temps d’un moment. Comme si les petits icônes colorés de mon bureau pouvaient vraiment me faire naviguer sur le web tel que c’est le cas sur la terre ferme où on peut surfer presqu’instantanément ou à la vitesse numérique super pack pro accéléré pour la modique somme de 39,95$ par mois. Non ici, à 8 micro bits la minute pour quelques dollars à peine, je reste immobile devant ces icones dispendieux.
Devant ma page blanche, ne me venait que des données techniques à l’esprit, rien d’esthétique; que des numéros, des nombres et des chiffres, des vitesses de vents, des heures ou des temps, des longueurs de cordes, largeur d’ancre, des phrases descriptives de moments, d’instants. Du factuel; rien de profond, rien d’essoufflant. Aucun texte n’était digne de traverser la ligne minuscule qui relie mon téléphone satellite à sa délicate antenne pour ensuite être propulsé jusqu’aux Iridiums dans le ciel et excuser la dépense de quelques précieuses minutes de communications téléphonique transformé en data. Ici, on fonctionne encore au modem, comme au temps où on devait choisir entre faire un appel téléphonique ou aller sur Netscape et où on entendait le son un VHF mal ajusté en décrochant le combiné si un voyage sur la toile était déjà initié.
Après un mois de navigation et surtout cette dernière semaine de frustrations intenses, je comprends pourquoi. De rester coite devant ma page blanche sans n’envoyer l’ombre d’un blogue me permettait de ne pas me pencher officiellement sur la question qui vous occupe vraiment l’esprit à savoir… « Comment je me sens? » J’esquivais donc d’écrire et me partager pour ne pas avoir à m’y pencher vraiment.
Au cours de ma grande secousse en début de semaine, j’ai eu bien du temps pour méditer, attachée sur ma couchette lundi et par mes réflexions depuis. À l’annonce de rien de très alléchant pour me faire progresser au cours de la semaine, j’ai fais le bilan de mes insatisfactions. Je me sens impuissante face à ces éléments qui ne cessent de s’opposer à ma progression depuis le 6 juillet dernier. Rien dans la littérature météorologique ne m’avait préparée à affronter des dépressions aussi souvent. J’avais imaginé que ma traversée ressemblerait à celle de mes rares prédécesseurs sur le même parcours. Selon les statistiques, j’avais des chances de retrouver les mêmes conditions. Rien ici, ne ressemble à ce que j’avais lu, trouvé, appris ou connu. Où d’autres rameurs n’ont sortis leurs ancres parachutes à peine à quelques reprises entre les deux continents, j’aurai sorti la mienne plus de 18 fois sur le cinquième de la même distance.
Je suis enragé contre la mer qui m’a trop défié, collé sur place, ralenti et immobilisé. Je me suis questionné face aux décisions prises depuis le tout début du trajet, j’ai beaucoup douté de moi, de mes capacités et de mes choix. Pourquoi cette année, pourquoi sur moi, toutes ces conditions climatiques difficiles? Sans vouloir le prendre trop personnel, j’ai été déçue l’océan, de moi et surtout de mon projet. Après avoir ramé quelques heures et avoir avancé à peine, j’étais au comble du découragement. Je suis impatiente de connaitre un bon vent pour quelques jours de rame et voire espérer une progression normale. Est-ce que c’est justement ce que je venais apprendre ici; être patiente?
Parfois, la mer est comme une vielle amie qui vous fait des excuses avec une boite de chocolat à qui vous pardonnez, bien sûr, pas pour le chocolat mais bien pour la face qu’elle vous fait. Même si la mer m’aura fait sortir de mes gons et exaspéré, même si elle se moque bien de ma position, de ma direction et de ma volonté, même si elle me nargue souvent, aujourd’hui je l’aime et je la trouve belle dans tous ces états de vents d’ouest soufflant pour moi.
par Mylène Paquette le 11 août 2013
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Still crouched down and in front of my screen, far from being comfortable, I was ready to write, but nothing profound was coming to mind. From the moment I put my fingers on the keyboard, I felt as if I was in the middle of doing just one more of the many tasks I have listed on post-its stuck all over my cabin, in capital letters, “WRITE YOUR BLOG”!
Each try, I sat there in deep thought in front of my computer, as if I were actually connected to the net at that moment. It was as if the desktop icons could really let me surf the web, just like at home where we can navigate the net at incredible speeds, for just 39.95$ a month. Not quite the same deal here…at 8 micro bits a minute, not cheap, I froze in front of those expensive icons!
In front of my white page, the only things coming to mind were technical details, nothing of beauty; just numbers : the wind speed, the time, the length of the ropes, the size of the anchor, short descriptive phrases. Just facts, nothing profound, nothing to take the reader’s breath away! Not a line of text worth sending through the tiny wire connecting my telephone to its satellite among the stars in the sky, nothing worth using up precious telephone time with data. Here on the boat, things still work the old-fashioned way, via modem…just like the good old days when we had to choose between making a phone call or going onto Netscape, and where we used to hear the sound of a badly adjusted radio if we were already online.
After one month of navigation and especially this week full of its major frustrations, I understand why. By sitting in front of my blank page, and not sending my blog off into cyberspace allowed me to not answer the question that you are all wondering about: “How do I feel?” I’ve been dodging the question in order to not have to really weigh in on it.
In the middle of the big shake-up at the beginning of the week, I had lots of time to meditate, attached to my little bed Monday and I’ve time to reflect ever since. With the news that nothing very good was coming my way to help me make progress, I thought about all my dissatisfactions. I feel powerless in face of the weather, which seems to have done everything it can to work against my progress across the ocean since last July 6. Nothing in the meteorological literature prepared me to confront these weather depressions as often as I have. I imagined that my crossing would be somewhat like those of my rare predecessors who had taken a similar path. According to the statistics, I was likely to have similar conditions. Yet nothing that I have experienced here so far resembles what I read, found, learned or understood. While other rowers only put out their parachute anchors a few times between the two continents, I’ve used mine at least 18 times over one-fifth of the distance!
I’m angry with the sea that has defied me, left me stuck in one spot, slowed me down, and immobilized me. I have doubted myself regarding the decisions that I’ve made since the beginning of the crossing, doubted myself in terms of my capacities and my choices. Why this year, why me, all these incredibly different climactic conditions? Without wanting to take it too personally, I’ve been disappointed in the ocean, myself, and especially my project.
After having rowed for hours and having only advanced a bit, I was at the height of my discouragement. I’m impatient to experience a good wind that lasts for a few days so that I can row and hope for a normal progression. Is that what I have just been learning? How to be patient?
Sometimes, the ocean is like an old friend who says sorry with a box of chocolates, and you forgive that friend, not for the chocolate, but for what he shows you. Even if the ocean has exasperated me, made fun of my position, my direction and my will, even if the ocean mocks me, today I love the ocean and think that it’s beautiful in every way, as the west wind blows for me.
Still hunkered down and in front of my screen, far from being comfortable, I was ready to write, but nothing profound was coming to mind. From the moment I put my fingers on the keyboard, I felt as if I was in the middle of doing just one more of the many tasks I have listed on post-its stuck all over my cabin, in capital letters, “WRITE YOUR BLOG”!
Each try, I sat there in deep thought in front of my computer, as if I were actually connected to the net at that moment. It was as if the desktop icons could really let me surf the web, just like at home where we can navigate the net at incredible speeds, for just 39.95$ a month. Not quite the same deal here…at 8 micro bits a minute, and not cheap, I froze in front of those expensive icons!
In front of my white page, the only thing coming to mind were technical details, nothing of beauty; just numbers : the wind speed, the time, the length of the ropes, the size of the anchor, short descriptive phrases. Just facts, nothing profound, nothing to take the reader’s breath away! Not a line of text worth sending through the tiny wire connecting my telephone to its satellite among the stars in the sky, nothing worth using up precious telephone time with data. Here on the boat, things still work the old-fashioned way, via modem…just like the good old days when we had to choose between making a phone call or going onto Netscape, and where we used to hear the sound of a badly adjusted radio if we had already dialed.
After one month of navigation and especially this week full of its major frustrations, I understand why. By sitting in front of my blank page, and not sending my blog off into cyberspace allowed me to not answer the question that you are all wondering about: “How do I feel?” I’ve been dodging the question in order to not have to really weigh in on it.
In the middle of the big shake-up at the beginning of the week, I had lots of time to meditate, attached to my little bed Monday and I’ve time to reflect ever since. With the news that nothing very good was coming my way to help me make progress, I thought about all my dissatisfactions. I feel powerless in face of the weather, that seems to have done everything it can to work against my progress across the ocean since last July 6. Nothing in the meteorological literature prepared me to confront these weather depressions as often as I have. I imagined that my crossing would be somewhat like those of my rare predecessors who had taken a similar path. According to the statistics, I was likely to have similar conditions. Yet nothing that I have experienced here so far resembles what I read, found, learned or understood. While other rowers only put out their parachute anchors a few times between the two continents, I’ve used mine at least 18 times over one-fifth the distance!
I’m angry with the sea that has defied me, left me stuck in one spot, slowed me down, and immobilized me. I have doubted myself regarding the decisions that I’ve made since the beginning of the crossing, doubted myself in terms of my capacities and my choices. Why this year, why me, all these incredibly different climactic conditions? Without wanting to take it too personally, I’ve been disappointed in the ocean, myself, and especially my project.
After having rowed for hours and having only advanced a bit, I was at the height of my discouragement. I’m impatient to experience a good wind that lasts for a few days so that I can row and hope for a normal progression. Is that what I have just been learning? How to be patient?
Sometimes, the ocean is like an old friend who says sorry with a box of chocolates, and you forgive that friend, not for the chocolate, but for the look on their face. Even if the ocean has exasperated me, made fun of my position, my direction and my will, even if the ocean mocks me, today I love the ocean and think that it’s beautiful in every way, as the west wind blows for me.
by Mylène Paquette on August 12, 2013
par Equipe au sol le 30 juillet 2013
Pour continuer sur le thème des requins, cette nouvelle capsule environnementale de Cyrena Riley nous parle d’une espèce qui malgré les apparences, ne ferait pas de mal à Mylène:
Le requin pèlerin (Cetorhinus maximus) est un visiteur occasionnel du golfe et de l’estuaire du St-Laurent. Deuxième plus gros poisson sur la planète après le requin-baleine, il peut atteindre 12 mètres de long. Fait surprenant, il se nourrit exclusivement de plancton et de petits invertébrés, ce qui fait de ce requin un prédateur…complètement inoffensif pour l’humain. On croit que ce poisson peut vivre jusqu’à cent ans, et sa gestation durer trois ans ! Comme bien des espèces de requin, la population internationale de ce géant majestueux a été décimée au cours du siècle dernier par les activités humaines. Il est donc essentiel de protéger cette espèce et de garder l’un de ses habitats, le St-Laurent, en bonne santé !
Cyrena Riley
Étudiante au doctorat en biologie,
Chaire de recherche en paléontologie et biologie évolutive, (UQAR)
Continuing on the theme of sharks, this new environmental capsule by Cyrena Riley tells us about a species which, despite appearances, would not harm Mylène:
The Basking shark (Cetorhinus maximus) is an occasional visitor to the gulf and estuary of the St. Lawrence. The second largest fish in the world after the whale shark, it can measure up to 12 feet long. Surprisingly, it feeds exclusively on plankton and small invertebrates, which makes it a predator shark… completely harmless to humans. It is believed that this fish can live to be a hundred years old, and its gestation period lasts three years! Like many species of shark, the international population of this majestic giant has been decimated over the past century by human activities. It is therefore essential to protect this species and to keep one of its habitats, the St. Lawrence, in good health!
Cyrena Riley
Doctoral student in biology
Research Chair in paleontology and evolutionary biology (UQAR)
Changement de programme!!!
Et oui, comme dit notre ami Richard de Indian Summer, on doit écrire nos plans au crayon de plomb…pour pouvoir les changer au besoin!
Comme nous avons attendu plus de 3 semaines à Waterford, que les écluses pour se rendre au lac Ontario étaient toujours fermées, qu’il n’y avait pas de date confirmée pour la ré-ouverture, on a alors décidé de retourner sur le lac Champlain pour le reste de l’été.
La baie Georgienne sera pour l’été prochain.
Voici 2 vidéos qu’on a filmés pour vous montrer le niveau de l’eau à Waterford dans l’état de New York. Vous n’en avez pas beaucoup entendu parler au Québec mais ici, c’est le sujet principal sur toutes les lèvres, il y a eu des gens qui ont perdu leur maison, des gens portés disparus et même une dame âgée qui est décédée, emportée par les flots…cela me rappelait le déluge au Saguenay.
MVI_1832 (le quai public de Waterford) (bientôt en ligne)
Étant donné la très grande crue des eaux, les autorités nous ont déplacés entre l’écluse 2 et 3 afin que nous soyons en sécurité. Dans ce canal, nous n’avons aucune idée de ce qui se passe tout près, juste à côté, dans la rivière Mohawk…
MVI_1841 (les chutes Cohoes sur la rivière Mohawk)(bientôt en ligne)
C’est avec résignation qu’on entre dans le canal Champlain pour faire les 11 écluses qui nous mèneront au lac. Tout se passe bien, on remarque que le niveau de l’eau dans le canal et sur la rivière Hudson est également très haute.
On doit quelquefois laisser la place dans l’écluse lorsqu’une barge se présente… Le plus gros l’emporte…
De retour sur le lac vendredi 12 juillet, on remâte à la marina Chipman, près de Ticonderoga.
Une bonne douche aux chutes de Cole Island…
On retrouve nos amis Lynda et Gaétan qui sont venus nous rejoindre à Wesport.
Le lac est toujours aussi magnifique, avec toutes ses teintes de verts dans les montagnes et ses magnifiques couchers de soleil…
Comme dirait mon amoureux…y’a pire que ça dans la vie….
Publié à 19:19, le 17/07/2013, Waterford
Sabine & André
André Lachapelle, un collaborateur de longue date au Boathouse a décidé de relâche pendant une année afin d’explorer quelques régions de notre terre. Sabine et André, à bord de leur voilier ‘Wind Spirit’ navigueront pendant un an dans les Caraïbes.
André Lachapelle longtime contributor at Boathouse has decided to temporarily hang up his Boathouse shirt to see a bit of the world. He and Sabine are currently embarking on a 1 year voyage to the Caribbean aboard their sailboat ‘Wind Spirit’ .
Follow along with their adventure here
Suivez leur aventure ici
Extrait du blog de Mylène Paquette……
par Mylène Paquette le 8 juillet 2013
Je me souvenais que j’étais un peu sujet au mal de mer mais pas à ce point… Quand on aime la mer, on oublie vite les difficultés qu’elle impose! Cette première étape semble être rite de passage, les 2 ou 3 premiers jours sont les plus difficiles, après quoi la vie en mer semble un bonheur!
Mal de cœur, étourdissements, épuisement, mal de tête, énergie à plat, envie de dormir constamment… Rien de très très romantique pour des premiers jours en solo sur l’Atlantique Nord.
Quarante-huit heures de malaises au total, zéro calories…
Maintenant, je suis capable de maintenir une conversation, rester éveillée plus d’une heure et écrire au clavier, je suis presque guérie!
En deux jours, j’ai eu la chance d’avoir des vents portants, j’ai dormi, essayé de manger, j’ai maintenu le cap vers le sud entre chaque période d’éveil ou j’étais malade. Lorsque je ne rame pas, je peux soit mettre l’ancre parachute pour conserver ma position ou me laisser dériver en barrant le gouvernail pour aller au bon endroit.
Ma journée du départ était vraiment super, excepté pour le mal de mer en soirée qui a persisté jusqu’à aujourd’hui, tout était parfait.
J’ai hâte de me sentir assez bien et d’avoir repris assez de forces pour pouvoir ramer.
La pêche miraculeuse.
Entre Culebra et Puerto Rico, on pêche 4 poissons!!! Malheureusement, il y a deux barracudas qu’on redonne à Neptune (risque de ciguatera). Mais on garde le yellow tuna (2lbs) et un magnifique red snapper de 12 livres.
À notre arrivée à Puerto Rico, on entre en marina à Puerto del Rey, au sud de Fajardo. Selon leur dire, cette marina est une des plus grosses des Caraibes, elle pourrait contenir 2000 bateaux aux différents quais et emplacement d’entreposage. On vient nous reconduire à notre bateau en golf kart !!! On loue une voiture pour aller faire le gros ravitaillement du prochain mois. On en profite également pour aller visiter la forêt tropicale El Yunque, un autre parc National que nous n’avions pas vue à l’aller. Un mot pour la décrire….reposant!
C’est tout simplement magnifique. La végétation tropicale luxuriante, les oiseaux, les chutes d’eau, le bruit des bambous qui se frappent au gré du vent….superbe journée.
De Puerto del Rey, on se rend à Ponce pour aller chercher notre papier officiel de départ de Puerto Rico (clear out). Le lendemain, on fait un arrêt à La Parguera, et c’est le 17 mars, donc la fête à André. Avec des bateaux amis (Shaka et Irish Mist) on se rend à la brunante dans une baie luminescente pour se baigner, c’est magique, on dirait qu’on a des étincelles autour de nous! Je crois que c’est le plancton qui produit cet effet. Malheureusement, les photos n’étaient pas bonnes…Mais cette expérience reste gravée à jamais dans nos souvenirs! On a chanté bonne fête à André et mangé du gâteau au chocolat dans les annexes en attendant la noirceur.
Les filles du bateau Shaka avaient bricolé des cartes de fête et un catamaran en papier pour André. On se rendra à Boqueron le jour suivant afin d’attendre notre fenêtre météo pour le fameux Mona Passage vers la République Dominicaine.
On arrive à Culebra le 23 février en après-midi. La navigation fût agréable, malgré le vent de face (encore une fois…). André a pêché un beau céro de 8 lbs!! La ville est très colorée, avec des maisons un peu partout dans la montagne, c’est charmant.
On mouille l’ancre dans la baie tout près de la ville, très bien protégée, mais près de l’aéroport….donc on a des avions (petits quand-même) qui effleurent le mât de Wind Spirit toute la journée et une partie de la soirée. Douze avions en 4 heures, André les a comptés!!! Par chance, la nuit est tranquille, donc on peut bien dormir.
Voici la plage Flamenco, une des 10 plus belles plages au monde:
Il y avait le drapeau rouge (ce qui veut dire que la mer est agitée) mais on s’est baigné quand-même, en allant pas trop loin. On s’est bien amusé dans les vagues et j’ai avalé quelques tasses d’eau salée…c’est un bon rince narine!
On laisse Wind Spirit à l’ancrage de Culebra et on part avec Marie et Claude, sur leur catamaran (Lagoon 37) pour aller passer la journée à Culebrita, à quelques miles de là. Je suis bien contente de naviguer sur un catamaran, c’est bien agréable, superbe journée, et vent de 12-15noeuds, parfait! Voici l’entrée du mouillage de Culebrita, un peu stressant avec les vagues qui déferlent…
Voici un catamaran de location, qui a quitté l’endroit un peu avant nous…et ils se sont fait brasser en tipépére dans la vague…alors on était un peu stressés de repartir, mais capitaine Claude, habitué et prudent, a manoeuvré de main de maitre, pas eu de problème.
Un beau Cata de 47pi se fait brasser!!! Il y a beaucoup de bateaux loués dans les îles vierges, et les capitaines ne sont pas tous expérimentés, comme vous avez pu le constater. Il ne fallait pas prendre la vague de face comme ils l’ont fait. Notre sortie a été pas mal plus douce que la leur… Merci Claude et Marie pour cette belle journée!
Sabine et André
André Lachapelle, un collaborateur de longue date au Boathouse a décidé de relâche pendant une année afin d’explorer quelques régions de notre terre. Sabine et André, à bord de leur voilier ‘Wind Spirit’ navigueront pendant un an dans les Caraïbes.
André Lachapelle longtime contributor at Boathouse has decided to temporarily hang up his Boathouse shirt to see a bit of the world. He and Sabine are currently embarking on a 1 year voyage to the Caribbean aboard their sailboat ‘Wind Spirit’ .
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Défi : Traversée de l’Atlantique à la rame, d’Ouest en Est, en solitaire
Route : De Halifax au Canada à Lorient en France
Distance : 2700 milles nautiques
Départ prévu : la meilleure fenêtre météo disponible à partir du 15 juin 2013
Mylène Paquette se prépare aujourd’hui à relever ce défi que peu de gens ont accompli… une excursion longue et audacieuse : une véritable odyssée sur l’océan.
C’est à la rame, sans moteur et sans voile, sur l’Atlantique Nord, que Mylène Paquette parcourra les 2700 milles nautiques (5000 km) qui séparent la ville de Halifax, en Nouvelle-Écosse, de la Bretagne, en France.
Cette traversée qu’aucun Canadien, ni Américain, n’a accompli à ce jour nécessiteront près d’une centaine de jours de navigation. Sur l’Atlantique nord, l’un des océans les plus redoutés des navigateurs, des vents de 100 km/h et des vagues de 12 mètres pourraient croiser le chemin de la navigatrice.
Seule et sans assistance sur l’océan, Mylène Paquette occupera ses journées à ramer, bien sûr, mais aussi à observer cet environnement pour ensuite témoigner de l’omniprésence de la faune marine et de l’interdépendance essentielle qui existe entre l’humain et l’océan.
C’est par la force de sa propre énergie physique et mentale que Mylène se mesurera à l’océan et sera le témoin d’un univers aquatique en transformation où rien n’est immuable. Équipée de ses rames et de son courage, elle sera seule sur son embarcation pour franchir les méridiens et les intempéries.
Boathouse est intéressé à votre dernière aventure. Occasionnellement, nous allons afficher les journaux de les aventures de nos clients. En voici un.
Boathouse is interested in your latest adventure. Occasionally we will be posting logs of our clients adventures. Here is one.
Journal de bord
S 14/07 VOL MTL-WABUSH – PB 920 DEP: 09:45 ARR: 13:55
VOL WABUSH-GOOSE BAY – PB 918 DEP: 14:15 ARR: 15:25
HOTEL LABRADOR INN – RESERVATION 21011 1-800-563-2763
Partis ce matin de Dorval où Nicole est venue nous mener, nous avons fait une première escale à Sept-Iles avant de nous poser à Wabush. Nous furent alors transférés sur la piste d’un avion à l’autre à Wabush. Puis un taxi nous déposa à l’hôtel Labrador Inn, de Goose Bay. Nous sommes allés en face au Centre des Visiteurs pour ensuite emprunter à pied la piste cyclable à travers les nouveaux développements de la ville… Nous avons marché 10 km avant d’aller souper au A&W en face de notre hôtel, au lieu du Sports Bar de Don Cherry, attenant à notre hôtel.
D 15/07 VOL GOOSE BAY- BLANC SABLON PB 908 DEP: 12:20 ARR: 12:10 – L’Anse au Diable, Labrador 51.33N 56.44W
Bel aéroport rénové de Goose Bay avec WI-FI. Bon vol avec bons snacks gratuits sur Provincial Air Lines. A notre arrivée à Blanc Sablon, nous avons eu la surprise d’être attendus par un représentant de National, location d’automobiles selon les arrangements établis en juin. En effet, nous leur avions demandé si on pouvait laisser l’auto de location à l’Anse au Diable et s’ils pouvaient venir la chercher là car nous prendrons alors la mer! On a pris la route jusqu’à l’Anse au Loup et fait 3 épiceries en chemin. Andrée Anne Rachel nous attend sagement sur son ber à l’Anse au Diable. Parfaite. Souper au crabe des neiges acheté de justesse au Fish Plant de L’Anse au Loup (10lbs, $82.50)
L 16/07 L’Anse au Diable 51.33N 56.44W
Pas de mise à l’eau … Trop de vent (20noeuds Sud est) et de pluie… réparations (propane et installation électrique pour le 220 en Europe) …organisation des bagages dans le bateau…commissions (propane)… souper Pizza Delight à Blanc Sablon
Ma 17/07 L’Anse au Diable – Red Bay 51.44’N 56.26’W – 13.80mn/13.80mn total – Ancrés
Mise à l’eau à L’Anse au Diable, Labrador, beau soleil, peu de vent (10-15noeuds du Sud Sud-ouest), pas de vague, voile parfaite! Encore reprisage du dodger!!! Ancre devant Saddle Island à Red Bay avec 2 autres voiliers dont Dyad, (un catamaran bleu de L’Ile aux Noix) et Mollyhawk’s Shadow, grand voilier blanc portant drapeau norvégien? Promenade à pied sur Saddle Island, un souvenir ancien de notre voyage de 1996 avec les enfants et Michel Bibeau. Souper no 2 au crabe des neiges, encore meilleur! Cuits vapeur dans peu d’eau salée…
Me 18/07 Red Bay 51.44’N 56.26’W – Ancrés
Restés ancrés à Red Bay. Bien protégés à l’ancre près de Saddle Island…Il pleut, fait froid et il vente un peu, 10-13 kn E-NE. On fait la paresse aujourd’hui… Grande paresse. Levés à Midi!!! On récupère de notre manque de sommeil et du stress préparatoire des dernières semaines… Avec la soudaine relaxation, le roulis du bateau, la Réactine pour prévenir le mal de mer, la petite pluie pianotant sur le pont, notre nouvelle éolienne chantante!!! Le désalinateur fonctionne! J’écris mes cartes de fête et autres… Réorganisation de la cabine arrière, notre entreposage! Souper no 3 au crabe.
J 19/07 Red Bay – Pleasure Harbour 52.06’N 55.42’ W – 47.20mn /61.00 mn total – Ancrés
Partis de Red Bay sous de gros vents du NO de 25 à 30 nœuds, nous avons fait de la grosse voile au grand largue pendant 10 heures de temps et parcouru 47.2 milles nautiques sur des vagues de 1 à 2 m et sous la pluie froide et les gros gros embruns fouettant le dodger (grâce au ciel nous avons un dodger fermé!!! Des pointes de vent ad 42.6 nœuds… Nous avons dîné simplement, céleri-carotte, chips pringle et amandes au chocolat! Ancrés dans Pleasure Harbour après 3 tentatives, j’ai sécurisé les défenses et les planches que j’ai passé la journée à surveiller, de peur qu’elles ne prennent le large! Le souper à 20h30 sera meilleur quoique simple : crevettes et ciabatta, vin blanc très froid de l’Afrique du Sud, et fondue au chocolat mars avec poire et nectarine! Et vive le chauffage! Il faut tous les soirs et tous les matins essuyer à sec les murs autours des hublots et les planchers, surtout ceux de fibre de verre, particulièrement sous la table à cartes car ce sont des lieux de prédilection pour la condensation!
V 20/07 Pleasure Harbour 52.06’N 55.42’ W – Ancrés
Restons à l’ancre car il vente trop fort, 30 noeuds et toujours du NO… Vent de tempête (gale warning). On s’est assez fait brasser hier!!! Nuageux, pluvieux et froid… Aucun Iceberg aujourd’hui, pas comme l’an dernier où la baie était remplie de gros icebergs, et même un géant gardait l’entrée babord de notre petit port d’ancrage. Durant la nuit, ce gardien avait basculé, changeant ainsi de bord de l’entrée et perdant un gros morceau venu frapper à notre coque!!! De plus on avait dû se réancrer en pleine nuit! Cette dernière nuit fut plus plaisante, quoique Claude n’apprécie pas être groundé!!! Il s’ennuie malgré la désalinisation de 4 litres d’eau (10 à 11 minutes par 2 litres. Puis il a installé des attaches pour les portes de la salle de bain. Moi, je m’amuse à lire, écrire à l’ordi mon journal de bord et j’ai fait un tableau des données du voyage (coordonnées, vents, température, etc…)… Farniente ok. Après notre salade ICEBERG, nous avons continué à bricoler ici et là, Claude posant des lumières dans les coffres et le puits d’ancre, moi, posant le Velcro manquant au dodger pour être un peu plus étanche aux embruns et grosses vagues envahissantes!!! Puis lecture sur le Iridium pour moi, et j’ai enfin donné à Claude le livre « Annotations on Sailing around the world », un classique en littérature marine écrit par Capt. Joshua Slocum, la première personne à avoir fait le tour du monde en solitaire en 1895. Et Claude le lit!!! Super! Je peux lire aussi!
Vers 18h nous avons mis le dinghy à l’eau car le soleil s’est pointé et nous sommes partis marcher sur terre. Fantastique de marcher dans la toundra, sur la végétation arctique, matelassée, capiteuse, douce sous les pieds, les petites fleurs sans laisser de trace! Nous avons grimpé sur les sommets avoisinants, avec une vue magnifique sur la côte rugueuse du Labrador, les brisants et leur écume, les cabanes de pêche toutes grises, quelques unes intactes, d’autres écrasées par le vent ou éventrées et dévastées par un ours? Seule une marmotte et quelques mouettes nous ont accueillis, pas vu un seul loup ni ours… On a traversé un petit ruisseau en sautant grâce à nos bâtons et nos bonnes bottes de marche. Puis de retour au bateau vers 20h, nous avons dégusté notre quatrième et dernier repas de crabe des neiges toujours aussi délicieux… Dégelé dans un pouce d’eau salée à point avec du beurre à l’ail fondu au bain marie, suivi encore d’une petite fondue au chocolat Mars avec poire et nectarine… Puis notre série Bones… Bonne nuit!
S 21/07 Pleasure Harbr- Battle Harbr 52.16’N 55.35’W- L’Anse au Loup!!! (en arrière) -15.40 + 40.20/132.00mn total – quai
Nous sommes partis ce matin vers 9h30 à voile au près, avec un vent léger de 10-15noeuds NNO, max 27, sur une grosse houle de 2 m, sous un ciel nuageux et une petite pluie fine, jusqu’à Battle Harbour, où nous avons accosté vers 13h00. Plein de monde sur les quais. Le Iceberg Hunter arriva juste après nous, lui qui était aussi chez John Belben cet hiver. Nous prévoyions un beau samedi ici, moi à faire mon lavage, poster mes cartes de fête, acheter des cartes postales et du lait, des œufs, mais voilà que la malchance nous tomba dessus! Claude voulait changer son démarreur, grand projet qui nécessitait de vider la cabine arrière, même de son matelas, ce que je m’empressai de faire. Pendant ce temps, je commençais à ramasser mon linge sale un peu partout… Mais voilà que l’entreprise s’avéra impossible vu le manque d’espace surtout autour du moteur. Et finalement Claude s’est aperçu qu’on avait encore une braquette du moteur brisée, en arrière côté babord… Donc on doit retourner à L’Anse au Loup, revoir John pour qu’il lève le moteur et refasse une braquette, encore… C’est comme cela qu’on l’avait connu en 2009 alors que 2 supports et 2 braquettes de moteur avaient cassé et que le moteur, ainsi non supporté, avançait trop et l’eau entrait par l’arbre du moteur!!!!
On retourne donc d’où l’on vient, avec notre lavage! Ce qui est le moindre des problèmes quand même… En fait, une chance que Claude s’en est aperçu tout de suite et non plus loin… Au moins, on a pu jeter notre gros sac de poubelle, poster nos cartes de fête, et on pourra acheter d’autre crabe à L’Anse au Loup… Espérons que John n’est pas en vacance cette semaine… On n’a pas pu le rejoindre encore!!!
Nous voguons donc à moteur vers Château Bay que nous devrions atteindre vers 2100. Le vent est faible, autour de 9 nœuds, heureusement, car il a tourné lui aussi!!! Il est maintenant du Sud! Eh oui, quand on tourne de bord, le vent aussi d’habitude, juste pour nous!!!
L 23/07 L’Anse Au Loup – quai
Eh oui, nous sommes retournés sur nos pas et même plus bas!!! Nous sommes au quai de L’Anse au Loup car on ne voulait pas sortir de l’eau pour les réparations… Nous avons donc roulé toute la nuit de samedi à dimanche, pendant 12.5 h, parcourant 55.62 milles nautiques…sans trop de vent, 5 à 9 nœuds, du sud (donc de face), sur une mer assez calme… On a même pu prendre nos douches chaudes vu qu’on était à moteur… Nous sommes arrivés à 4h30 am, nous mettant à l’épaule de 2 bateaux de pêche… En route nous avons réussi à joindre John Belben avec notre téléphone satellitaire et on l’a rappelé sur notre cell dimanche matin. Absent, il est par contre venu nous voir au quai et a commencé derechef à travailler sur le bateau vers 13h!!!
Il faisait un temps superbe hier, les enfants circulaient torse nu à vélo. Seule à bord pendant que Claude et John cherchaient une pièce un peu partout dans le village, je lisais sur le pont au soleil, quand Phyllis, l’épouse de John, est venue me chercher pour une promenade! En fait, arrivées chez elle, elle avait préparé tout un souper pour Claude et moi!!! Ce couple est vraiment très hospitalier et généreux de leur temps. Du bon pain maison qui ressemble à celui de ma mère, des viandes froides, des muffins, de la chicoutée en confiture, du chou cuit…et du bon café.
Après souper, les hommes sont retournés travailler sur le démarreur neuf dont la borne a été cassée (la pièce qu’ils ont trouvée dans la grange de O’Brien). Et Phyllis m’a fait faire le tour de toutes les petites rues de L’Anse Au Loup et m’a amenée voir le phare de L’Anse Amour.
Ce matin, lundi, la journée débuta mal! En se déplaçant à la demande de notre voisin pêcheur qui voulait être sur le quai, en tournant, le bout de l’ancre a accroché le bateau de pêche et le boute-hors s’est tordu, brisant le bois qui soutient le support de notre ancre principale… Horreur!!! Pas trop drôle. On n’avait pas besoin de ça!… Et ma cafetière s’est renversée sur le comptoir, le café a envahi le frigo!!! Claude super stressé n’était plus capable d’avaler!!! OH LA!!! Ça allait mal ce matin… Ça s’est replacé par la suite. John est arrivé, moi je suis allée faire mon lavage aux bâtiments du port tout l’avant midi, puis on a diné avec la salade que Phyllis a prise du jardin de sa mère hier. Cet après midi, sous un ciel nuageux menaçant de pluie à tout instant, je suis partie à pied au Fish Plant pour acheter 10 livres de crabe des neiges… Claude a trouvé que c’était la meilleure nouvelle de la journée!!! Puis je suis repartie en haut de la côte pour faire l’épicerie, toujours à pied, avec mon imper jaune au cas où l’ondée se décidait à me tomber dessus!!! Il est maintenant 17h 10 et Claude est toujours en train de travailler sur les pieds de moteur… John est parti à son usine pour fabriquer une pièce d’acier inoxydable pour le boute-hors… Toutes les réparations furent finalisées finalement avec grand succès vers 20h30… Et le boute-hors est même amélioré… Il restera l’autre côté à solidifier de la même façon, mais l’accident ne sera pas nécessaire!!! C’était un point de faiblesse de notre boute-hors.
Ma 24/07 L’Anse Au Loup -Caribou Island, Green Cove – 52.16N 055.39W- 70.10mn/218.43 mn total – Ancrés
15h45 Nous sommes en route dans la brume avec le radar, et heureusement le soleil de la matinée, disparu sous la pluie du midi, est revenu! Nous nous sommes levés à 6h00 ce matin pour un départ définitif, en fait une prise 2 de mardi dernier!!! La mer est calme comme je l’aime, avec une petite houle de 0.5 à 1 m, et le vent arrière assez stable, de 12 à 20 nœuds n’est quand même pas suffisant pour nous faire avancer assez vite, alors pour atteindre un maigre 5.25 nœuds, le moteur est mis à contribution! Claude a vu sa première baleine ce matin. Je suis en train de finir ma lecture de Voile Rouge, un roman de Patricia Cornwell qu’Éric m’a offert pour le voyage! Ça ressemble à Bones… On se dirige vers Battle Harbour, encore… On est bien au chaud dans le cockpit même un peu entrouvert!
Me 25/07 Caribou Island, Green Cove- Punch Bowl – 53.15N 055.44W- 64.26mn/282.69 mn total – quai
J 26/07 – Punch Bowl -Black Tickle Domino (53.30’N 55.47’W) – 14.20mn/296.89 mn total -quai
J’ai sauté hier mon journal! Je n’étais plus en état de marche!!! Je me suis probablement étiré un ligament dans le bas du dos, quelques jours auparavant, lors de ma chute dans l’escalier du bateau samedi ou quand je sautais d’un bateau de pêcheur à l’autre lundi… mais l’enflure a progressé lentement, atteignant un paroxysme avant-hier soir, mardi… Tout mouvement du tronc, des bras, même de la respiration m’amenait des douleurs intenses… donc j’ai passé la journée d’hier allongée sur le côté. Au début, j’étais même incapable de me tenir assise ou debout… malgré ma tonne d’advil et de tylenol arthrite, ainsi que le voltaren emulgel en crème sur le mal même!
Ainsi mardi 24, après une longue journée de 70 milles nautiques en 15heures à partir de L’Anse au Loup, nous avons mis l’ancre dans Green Cove, sur Caribou Island, tout près de Battle Harbour, par un temps nuageux, avec plusieurs icebergs tout autour…
Mercredi 25, nous avons quitté le détroit de Belle Isle et sommes entrés en Mer du Labrador. Après une journée nuageuse de 64.26 milles nautiques en 11 heures sur de grosses vagues de 2 à 5 mètres avec des vents arrière, du sud sud-est de 33 max nous nous sommes mis au quai de Punch Bowl Harbour où Claude a rencontré un pêcheur dont le bateau était aussi chez John Belben et il nous a offert un beau saumon de 2 ou 3 livres. Super bon. En soirée, on a amorcé notre série ‘’Six feet Under’’… nous ne sommes pas encore certains!!!
Aujourd’hui Jeudi 26 fut aussi une journée nuageuse et pluvieuse, mais courte, 14.2 mi en 3.5heures, petit vent arrière de 13 noeuds du sud-est toujours. Nous avons rencontré un cargo venant du nord. Nous sommes au quai de Black Tickle, petit village sur une île malheureusement coupée de son gagne pain depuis mai, le fish plant ayant cessé ses opérations. Beaucoup de 4 roues et de jeunes. On est allé faire une petite épicerie et Claude a aussi fait le plein de diesel à pied. On a soupé crabe et fraises (pas ensemble, le crabe dans le beurre à l’ail et les fraises dans la fondue au chocolat, toujours nos barres mars!) et notre petit vin de bleuets de Terre Neuve, fait avec de l’eau de iceberg! Il fait très humide aujourd’hui, j’ai dû essuyer les murs de la cabine 2 fois ce soir!!! Mettons le chauffage! Il pleut!!!
V 27/07 Traversée Labrador- Groenland -68 mn/364.89 mn total
S 28/07 Fin de la traversée 54.09N 055.02W… Cartwright, Labrador – 53.41N 057.01W– 87.14mn/452.03 mn total -quai
D 29/07 Cartwright, Labrador -quai
Bon! Je n’ai rien écrit depuis notre départ de Black Tickle en raison de manque de temps!!! Nous sommes rendus depuis hier, samedi soir, au quai de Cartwright car une énorme avarie nous est arrivée!!! Malgré le beau temps, les conditions météo idéales, petit vent du sud est, sud ouest, vaguelettes sur une bonne houle de 2-3 mètres cependant, l’arbre d’hélice a cassé!!! Un bruit incroyable s’est produit juste après notre délicieux souper de saumon dans le cockpit au soleil… Super beau voyage juste avant… belle journée ensoleillée, on avait désaliné de l’eau et rempli bouteilles et réservoir… On avait pris nos douches…lavé et séché au soleil nos vêtements … On voguait au grand largue à 7 nœuds… Mais à 20h10 le moteur a fait un bruit effroyable et j’ai pensé qu’une corde s’était enroulée autour de l’hélice… en fait j’imaginais la pieuvre monstrueuse de Jules Verne en train d’attaquer notre hélice!!! Je venais de lire « Pirates Latitude » de Michael Crichton… Claude, quant à lui, a tout de suite pensé à son anode… et vérifié le compartiment moteur pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’entrée d’eau… Il est ressorti blanc, ayant réalisé l’ampleur du désastre… L’arbre d’hélice du moteur a cassé tout près du « coupling »… Rien à faire… On n’avait alors plus de moteur, seulement une génératrice, au moins d’énergie mais pas de manœuvrabilité du bateau… D’autant plus que soudainement, l’éolienne s’est arrêtée… et le VR4 semblait ne plus fonctionner, nous coupant donc l’énergie des panneaux solaires et de l’éolienne… L’enfer… Trop loin du Groenland pour continuer car sans moteur il serait aventureux de ne pouvoir contourner des icebergs, icebits ou des récifs… A 60 milles des côtes du Labrador, il était plus sécuritaire de retourner vers L’Anse au Loup… On a donc viré vers le sud est face aux vagues et au vent, heureusement faible… Adieu Groenland et Islande pour cet été… Et la garde côtière ne répondait pas… Ni John, ni Michel… J’ai fait nos sacs à dos d’urgence au cas où, tout près de notre sac d’urgence à côté de l’écoutille, prêts à sortir rapidement…
Nous avons donc roulé à voile toute la nuit vers la côte du Labrador et le matin venu, on a pu rejoindre la Coast Guard grâce à nos anges gardiens, Michel et Richard! On avait finalement réussi à contacter Michel vendredi soir qui a téléphoné à Richard. Notre gars de l’armée a donné à Michel le numéro de téléphone de Christine Gaillard de Search and Rescue de Halifax. Et c’est ainsi que nous avons rejoint Halifax pour que soit informée la Coast Guard de St-Anthony puis celle du Labrador qui nous a mis en contact avec le navire Harp, Ottawa, le matin venu. Harp était justement à Cartwright pour faire le plein sur sa route vers le sud. Il a pu nous rattraper finalement vers 11h00 le matin et ils nous ont d’abord escortés alors qu’on voguait à voile à 7 nœuds. Mais quand le vent s’est affaibli comme notre vitesse, on a bien dû se faire remorquer par Harp à l’aide d’un long cordage de 600 pieds attaché à un V fait d’une grosse amarre fixée aux 2 chaumards de part et d’autre de notre boute-hors. Pas évident de se concentrer sur la roue continuellement pour éviter que le cordage ne s’use ou brise le boute-hors… Et ce, pendant 6 heures, sur 35milles nautiques à 6 nœuds! Heureusement qu’il faisait un temps superbe, peu de vent, de petites vagues seulement!!! Finalement, le Zodiac de Harp a complété l’approche au quai du Fish Plant vers 19h00 samedi soir. Grâce au téléphone Iridium, nous avions aussi consulté John Belben de l’Anse au Loup, 200 milles nautiques ou 230 milles terrestres, afin de savoir si l’on pouvait faire la réparation sans sortir de l’eau, en soudant l’arbre d’hélice… Il a accepté de venir évaluer la situation le dimanche, parcourant une route de 400 km environ, dont une grande part en gravel.
Dimanche matin, donc, après 4.5heures de route, John et son frère Preston ont évalué et discuté les options avec Claude. Et c’est ainsi qu’ils sont repartis vers midi sans vouloir dîner, trop pressés pour aller porter nos pièces brisées à… Deer Lake, Terre-Neuve, en reprenant la même route que ce matin mais 50 km de plus pour prendre le ferry de Blanc Sablon,QC vers St-Barbe, TN, et de là, faire un autre 200 quelques km!!! Pas mal dévoués! Et un dimanche en plus… Comme nous disait John la semaine précédente, il ne peut pas dire non à quelqu’un dans le trouble!!! On est vraiment chanceux de connaître un tel réparateur de bateaux!!! Ils devraient revenir mardi matin… Doigts croisés pour que cela fonctionne… Il n’y a aucun moyen de sortir Andrée Anne Rachel de l’eau ni à Cartwright, ni même à Goose Bay si l’on s’y faisait remorquer!!! La seule solution serait de se faire remorquer à nouveau hors des terres, au large et de reprendre la voile vers l’Anse au Loup et se faire remorquer à nouveau… Pas évident!,
La veille, le soir de notre arrivée à Cartwright, nous avions rencontré un autre voilier, lui aussi incapacité par son moteur et qui, lui aussi, avait été remorqué là par un pêcheur. Dennison Berwick, un auteur canadien d’origine britannique, après de longs voyages en Inde (7 mois à pied) et au Brésil avec les Indigènes d’Amazonie, vit maintenant 6 mois par an depuis 6 ans sur son ketch vert de 32pieds en acier, « Compassion » (Thuan Kai) mais ce sera sa dernière saison… Trop de réparations!!! Un beau bateau d’allure classique, beaucoup de bois, de livres, une cuisine à la Chantal (comme sur Carnaval), un énorme ordinateur de bord, un ancien baromètre à pression avec aiguille sur rouleau encreur, un minuscule poêle à bois avec cheminée chauffant avec des petites baguettes de bois de 1/2po par 6 po… Et ses scones tout frais faits dont il nous a donné la moitié, alors que nous venions l’inviter pour un apéritif sur Andrée Anne Rachel avant d’aller souper en ville le dimanche soir… Finalement, après des biscottes au brie garni de gelée de chicoutée et une marche dans la chaleur de la soirée, nous n’avons pas trouvé d’autre resto que notre bateau! Alors, salade aux crevettes suivie de ma fondue Mars dont Dennisson a raffolé, me demandant la permission d’écrire un article de cuisine dans Cruising World!!! D’ailleurs, l’une de ses chroniques doit paraître dans l’édition du mois d’août…
L 30/07 Cartwright – quai
Le Lundi, on ira à l’hôtel, à 5km de marche à 31C, pour passer l’après midi à faire notre internet et des téléphones et finalement souper poulet frit et frites, le rêve de Claude, à part les crabes des neiges, dont il a fait provision dimanche matin auprès d’un pêcheur… Il les a préparés vivants et j’ai fait cuire et congeler les 8 livres, à $2.50 la livre… Il faut dire qu’ils étaient petits!!! Mais ils auront donné 4 repas…Ces 2 jours au quai de Cartwright nous ont permis de réparer plusieurs bobos… écoutille de la cuisine à resserrer, rail de l’enrouleur de grand voile à changer, snap de dodger à reposer, couture de dodger à refaire (encore et toujours sur ma liste)…
Ma 31/07 Cartwright – quai
Aujourd’hui est le jour J pour Je peux tu partir??? John arriva vers 9h50 am, parti à 5h30 de l’Anse au Loup avec son employé Stepha, un grand adolescent de 52 ans! Il a en effet joué un tour pendable à son patron, et à Claude… Il avait caché le morceau précieux dans le camion, lui faisant croire qu’il l’avait oublié à son atelier de L’Anse au Diable, sorti du coffre par son frère Preston pour le regarder!!! Ça a duré 5 minutes, trop long pour une bonne blague, quoiqu’on l’a trouvée bien drôle… Mais pas John, proche de la crise cardiaque, qui lançait des regards noirs et courroucés plusieurs fois à chaque éclat de rire de Stepha qui s’esclaffait… Claude aussi était plié en deux!!! Finalement, ce fut une très, très longue journée de travail pour John, pas tellement pour Stepha qui s’amusait à roucouler et potiner avec tous les passants sur le quai, au grand dam de John. Ce fut aussi une journée assez éprouvante pour Claude car il a été très stressé depuis des jours et des jours, craignant son rêve de traverser au Groenland à l’eau. Malgré tout, Claude a conservé une attitude finalement assez sereine. Claude et John ont travaillé fort ensemble, échangeant des idées et des outils tout au long de la lourde tâche. Cale remplie d’eau et shop vac pour chasser les gaz dangereux (propane ou autre), tapis d’amiante au fond du bateau pour contrer les étincelles, boyau d’arrosage en permanence par l’écoutille de la salle de bain, coupe du bout du shaft brisé pour poser le coupling allongé d’un manchon… bonne idée de mon minou… Un succès. Le moteur roulait à nouveau vers 18h30. John, épuisé, a tout de même accepté d’aller évaluer le problème de grincements et vibrations du moteur de Dennisson. Il semblerait que ce serait l’hélice déformée quand il aurait accroché quelque chose. Nous sommes allés retourner à Dennisson son Tupperware et son livre SAVAGES, qu’il m’avait prêté et que je vais acheter, ne l’ayant pas terminé… Il m’a remis mon John Grishaw, The Last Juror, que je lui ai prêté car l’histoire ressemblait un peu à sa vie de journaliste en début de carrière. C’était notre sixième belle journée en ligne… Chanceux malgré tout…
Me01/08-D 05/08 Prise 2 traversée Labrador-Groenland. Mer du Labrador-Simiutaq, Groenland – 60.41N 046.35W– 592.30mn/1044.3 mn total – ancrés
Prise 2 de la traversée, mais en fait prise 3 du voyage si l’on compte le premier bris vu à Battle Harbour…Partis à 6ham de Cartwright par beau temps, belle voile, au vent arrière de 20 nœuds, sous un beau ciel bleu. Optimistes, nous espérons à nouveau sauver notre voyage, traverser au Groenland et ensuite en Islande… Tout est possible encore! Malgré une énorme houle de 2 à 3 mètres qui nous accompagnera tout au long des 5 jours et 4 nuits que durera notre traversée somme toute relativement facile, si on exclut la surveillance continuelle 24 sur 24 des voiles, de l’ordinateur de bord et du radar, surtout qu’on a eu beaucoup, beaucoup de brouillard et de la pluie surtout les jours 3 et 4… Journées plus misérables… Le premier soir on a même vécu un phénomène météorologique rare sous ces hautes latitudes, un orage électrique, un peu épeurant quand on est le plus haut point à des centaines de milles à la ronde!!! On n’a vu aucun autre bateau en Mer du Labrador, ni de iceberg heureusement car la houle énorme, les vagues souvent contraires nous auraient donné du trouble, et surtout le brouillard épais et proche, englobant presque le boute-hors par moments! L’humidité perçante et froide a été déplaisante jusqu’à ce que le soleil sorte le 5 août, en fin d’après-midi, sous un ciel bleu foncé, sur lequel Claude a déployé nos drapeaux du Groenland et de quarantaine, encadrés de nos voiles blanches, remplies d’un bon vent arrière, avec en toile de fond, des icebergs immenses et blancs éclatants…et moi en pichous dehors sur le pont après ma douche chaude… AHHH …. Ça remonte le moral, après les montagnes russes des dernières heures, quand on ne sait pas si un monstre blanc ne surgira pas de l’autre côté de l’immense montagne d’eau devant nous… Même que notre beau voilier semblait raccourcir et rapetisser, creuser dans les eaux, comme si on coulait… Idée pas très reposante ou rafraichissante dans cette baignoire infinie dont la température se promène de 2.3 à 9,7 C… De plus la dite baignoire n’était pas calme! Des vagues déferlantes sur le pont envahissaient le cockpit et mouillait tout! Claude, lui, était énervé par les petits bruits…le cliquetis de la barrure du coffre, par exemple… Vive les épingles à linge avant qu’il ne devienne fou…Moi, je ne l’entendais même pas avec les hurlements du vent, le rugissement des vagues, le claquement des voiles, les craquements du bateau, le cognage de la coque sur la mer… Pas rassurant et pas mal plus énervant, mais bon, il a l’oreille fine! La routine n’était pas très routinière mais plutôt selon les besoins du moment… Les dodos n’étaient pas réguliers quoique j’ai trouvé un truc pour coucher Claude… Pour souper, un porto suivi d’une réactine, puis au lit! Ainsi il se reposait de 19h à 22h même s’il ne réussissait pas toujours à fermer l’œil, le bateau craquant beaucoup!!! Puis je me couchais de 22h à 01ham et reprenais la barre jusqu’à 3-4 h am selon les conditions et l’inquiétude de Claude… puis il prenait la barre et je faisais le déjeuner à mon réveil vers 7-8ham. Ensuite Claude se recouchait jusqu’au dîner… Mais les dernières nuits furent plus difficiles… on devait dormir dans nos costumes Michelin orange de flottaison anti hypothermie dans le cockpit au lieu du lit du salon pour aider rapidement si besoin en était… Plus dur. Plus fatiguant…Heureusement j’ai vissé mon Ipod dans une oreille et j’écoutais mes 499 chansons en boucle… J’inscrivais mes chansons préférées pour me faire un cd spécial pour l’auto… Ainsi j’apprenais les titres de mes chansons dont je ne me souvenais pas toujours!!! Ça me changeait les idées, me gardait éveillée en me stimulant l’intellect, tout en gardant mes yeux rivés sur le radar jour et nuit, car je l’ai dit, on a eu beaucoup, beaucoup de brouillard!!! On a réussi à faire de la voile presque tout le temps, dont au moins 72 heures de voile pure sans aide du moteur sur 122 … On a finalement pris seulement 70 litres entre Cartwright et notre plein de carburant fait après notre deuxième journée au Groenland!!! C’est dire qu’on a fait beaucoup de voile! Même, on a fait 27 heures sans aucun ajustement!!! On a finalement parcouru 592.30 milles nautiques en pleine mer, sur 1044.23 milles dans tout notre voyage depuis le 17 juillet!
Le dimanche soir 5 août, on a jeté l’ancre dans un petit mais long fjord au creux d’une petite île près de la côte grenlandaise, Simiutaq. Tout au long de l’étroit passage, on croisait des icebergs magnifiques, qui, le matin venu, avaient migré vers nous, sans nous déranger cependant, heureusement! Nous avons fêté au crabe notre traversée réussie, notre première de deux! On était vraiment fiers de s’être rendus au Groenland, après les nombreux obstacles surmontés dans les premières semaines de notre périple. Et surtout, on était soulagés de ne plus se faire brasser, secouer, mouiller, geler…On a mérité du repos! On devait se rapporter par VHF à la Greenland Radio aux 6 heures avant de pouvoir passer les douanes, ce que l’on fera le lendemain à Narsaq.
L 06/08 Simiutaq- Narsaq 60.55’N 46.03’W – 27.80mn/1073.13 mn total – quai
Après une bonne nuit de repos, presque sur terre, en tout cas au paradis, on repart vers le nord, Narsak, par le Skorfjord, constellé d’icebergs et leurs débris magnifiques, aux formes sculpturales incroyables et aux couleurs variées, du blanc le plus pur au bleu dense, allant même au brun-noir de la moraine ramassée sur leur trajet glaciaire… Certains sont même incolores, presque tout fondus, fantômes dangereux pour un capitaine insouciant, comme il y en a plusieurs autour de nous… Ils semblent très habitués, pas comme nous qui roulons à 5 nœuds max!!! Heureusement le soleil est au rendez vous… On rencontrera un cargo rouge et blanc ainsi que le Triton, un beau navire militaire gris acier pâle, garni d’un hélicoptère et d’un canon menaçant. Mais c’est avec sa caméra qu’il s’est rapproché pour nous photographier et non nous canonnés! Ouf!
Arrivés à Narsaq, nous avons eu du mal à passer dans le port, encombré de petits icebergs flottant entre les nombreux bateaux… Je dois même les pousser à la gaffe pour que l’on puisse se mettre au quai!!! Et dire que c’est un endroit protégé!!! Une chance! Journée nuageuse finalement, petite pluie, on se promène en ville, plutôt un petit village pour aller se rapporter aux douanes, en fait voir la police locale (politi) qui va étamper nos passeports sans trop de questions! Puis on s’est rendu au centre des visiteurs pour y acheter des timbres car le bureau de poste était fermé et ne prenait pas mes cartes dans leur distributeur automatique. J’y ai acheté plusieurs cartes postales, des signets, 2 petites aquarelles en cartes postales. On est allé dîner « Chez Rosalie », un petit snack bar… Puis on est allé faire l’épicerie et acheter un pain multigrains extraordinaire à la boulangerie attenante… Il valait bien ses $7… eh oui, la bouffe est chère… Une petite bouteille de 500ml de Coke coûte la modique somme de $3! Après avoir rangé l’épicerie, on est allé voir un emplacement viking sans ruine… ceci demandait beaucoup d’imagination! On a terminé la journée par un autre souper au resto, « Café Hôtel Narsaq », dégustant de super US Big Burger dont la viande était cuite croustillante, et juteuse à la fois! Les Inuit sont gentils, parlent un peu ou bien l’anglais, mais leur langue seconde est vraiment le danois… pas plus facile pour nous!!!
Ma 07/08 Narsaq – quai
Restés à quai en raison du brouillard surtout qui englobe les icebergs dans le fjord, nous avons profité de la journée pluvieuse pour faire diverses petites tâches… ne requérant pas d’électricité, s’entend… On ne sera jamais branché à nulle part, même si on est équipé pour le faire, même sur le 220… mais pas les quais!!! Alors pour écouter de la musique, j’ai branché mon Ipod sur les petites boules haut-parleur que j’ai achetées au Costco… Son incroyable … super techno avec la petite lumière bleutée en plus!!! Et elles vibrent!!! J’ai fait du ménage dans mes livres et revues qui avaient jonché le sol quelques fois durant la traversée, le ménage d’humidité dans les armoires, retranscris mon échelle de Beaufort sur les pads de Claude, en incluant les m/s qu’ils utilisent ici pour mesurer le vent… Assez simple quand même, on multiplie par 2 les m/s pour donner des nœuds… Il fait 52F ou 11C dans le bateau, l’eau est à 8C… et Claude s’occupe à repousser les bits qui tournent et cognent autour d’Andrée Anne Rachel…Dans l’après-midi, nous sommes allés nous promener sous la pluie et acheter de l’art!!! Il y avait un atelier tout près, rempli de petites sculptures faites d’os de renne et de pierres du coin… tuttupit rose, Blue Ice de Narsaq, etc… On a marchandé et obtenu de bons prix sur des couteaux, des ours polaires, 3 petites esquimaudes roses, des bracelets, un tire bouchon, un chasseur, sa lance et son enfant… Puis nous sommes repartis visiter le village avant de revenir au bateau et souper de notre dernier repas de crabe, encore le dernier!!! Tellement bon!
Me 08/08 Narsaq-Qaqortoq 60.43’N 46.02’W 21.10mn/1094.23 mn total – quai
On part tôt ce matin, un petit vent SO de 4.8noeuds oblige donc Claude à utiliser le moteur sur le fjord vers le Mate Lobe. On a rencontré notre quatrième voilier, le premier au Groenland. C’est un voilier autrichien, La Belle Époque, qui se rend à Nuuk pour l’hiver. Arrivés vers midi à Qaqortoq, nous avons été accueillis par un ingénieur en bâtiments Islandais, Luther, qui nous a informés que la meilleure route à prendre vers l’Islande est bien à partir de Tasiilaq, une grosse ville de la côte est. Il nous a aussi indiqué d’autres ports plus au nord que Reikjavik où nous pourrions hiverniser Andrée Anne Rachel. Un autre jeune homme, Anis, un Innu, nous a confirmés que nous pouvions rester au quai des visiteurs dans cette marina de plaisanciers, style coop, remplie de petits bateaux à moteur… Il y avait 2 voiliers à notre arrivée… dont un américain possiblement. L’autre, Celeita, est reparti pendant que nous faisions le plein. Le compte est donc rendu à 6 voiliers, 3 au Labrador, 3 au Groenland… La visite de la ville habitée de 3500 habitants fut très intéressante, au soleil en plus… Nous avons même grimpé le sommet voisin pour prendre une photo d’ensemble. La ville est colorée, propre à la scandinave, fournie de petites maisons de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, plus ou moins enlignées le long de rues sinueuses et pentues… Une petite ville coquette et multi étagée… 2 gros supermarchés, 2 gros hôtels, un beau centre de tourisme, un vieux centre ville charmant avec sa fontaine au milieu d’une petite place centrale à l’européenne, bordée de jolis bâtiments historiques dont une église bucolique à côté de laquelle sautille un joyeux ruisseau… A l’atelier d’art, s’agglutinent plein de touristes danois du troisième âge, et j’y achèterai une paire de boucles d’oreilles faites d’une pierre noire dont l’artiste m’a griffonné le nom. Après l’épicerie, nous sommes allés souper au restaurant thailandais!!! Le Ban Thai a pignon sur rue depuis 4 ans dans un beau bâtiment historique du Vieux… C’est une famille thailandaise qui vit au Groeland depuis 10 ans, dont 6 à Nuuk… Délicieux repas thailandais fait de matière première groenlandaise : du bœuf musqué et du caribou… Le caribou était particulièrement tendre mais superbement épicé… le bœuf musqué nageait dans une sauce rosée irrésistible. Le tout couronné de bons cafés… Notre souper de trentième anniversaire, car très cher!
J 09/08 Qaqortoq-Hvase-Uunartoq 60.30N 045.23W- 65.83mn/1150.06 mn total – quai
Partis ce matin très, très tôt à 0500 dans le brouillard sans vent heureusement, nous nous sommes rendus à Hvase pour y visiter les ruines Norse (Viking) les mieux conservées d’une église catholique bâtie en 1300, où le dernier mariage répertorié fut célébré en 1408… Des moutons errent autour, un bon quai nous accueille. Au loin on peut voir une ferme moderne, tout au fond du petit fjord Qaqortoq. Il pleut, il pleut, il pleut. Brouillard, brouillard, brouillard… Eau 5.8C. En soirée le soleil va commencer à sortir, éclairant les sentinelles blanches, d’énormes icebergs tabulaires ainsi que des pyramides étoilées et couronnées de bleu pur. Il fait 56 f dans le bateau (13C). On soupe en route, et comme on a dépassé notre heure d’arrivée, Greenland Radio nous appelle pour vérifier… C’est du service! La route longue et sinueuse, remplie de bergs, ne nous permettra pas de nous rendre à Nanortalik, tel que prévu. On se dirige donc vers les Hot Springs de Uunartoq, dans un canal rocheux étroit entre la mer du Labrador et la côte groenlandaise. Arrivés à 2100, nous allons voir les seuls hot springs du Groenland et finalement nous y baigner en sous-vêtements!!! L’eau est bonne, peut-être pas à 37C tel que promis mais réchauffe quand même, vu que l’air ambiant doit être à 5C! Le sable tout au fond est chaud à souhait, on peut s’y mettre à genoux et s’enfoncer dans les bulles réchauffantes, sans aucune odeur de souffre comme à Banff… Le petit étang rond est bordé d’herbe et de fleurs sauvages, le paysage est incroyable, les icebergs défilant sur l’eau juste devant nous!
V 10/08 Uunartoq-Nanortalik 60.08’N 45.14’W -Iglukasiq Havn -60.01N 44.51W- 44.7mn/1194.76 mn total – Ancrés
Beau soleil, pas de brouillard. Superbes montagnes, paysage grandiose, et on roule à voile à 7 nœuds…Bref arrêt à Nanortalik pour faire le plein de diesel et d’épicerie. On a dîné dans un snack bar attenant au quai de diesel, burger pour Claude, pita de caribou pour moi puis on s’est mis au gros quai de métal pour que j’aille faire un petit peu d’emplettes… Pas d’œufs…mais un bon pain je crois et quelques légumes congelés en plus de concombres et de piments. Au centre de tourisme je me suis procuré de superbes cartes postales et des cartes à jouer ainsi qu’un cd de musique typiquement groenlandaise mais moderne, une belle voix sur une douce musique. Bonne suggestion! J’ai aussi posté d’autres cartes postales et j’en écris d’autres. On s’est finalement ancrés dans une petite baie attenante au canal rocheux (Inner Route). Il vente pas mal et il fait froid!
S 11/08 Iglukasiq Havn-Ikigait-Aappilattoq – 60.09N 44.17W- 29.42mn/1224.18 mn total – quai
Partis plus tard ce matin, 0900, nous avions besoin de récupérer… Nos journées débutent tôt, sont bien remplies jusqu’au soir tard, nous soupons tard et le coucher suit quelques épisodes de « 6 feet under », mais ces temps-ci, seulement un à la fois. Nous sommes crevés!
Le beau soleil du lever s’est rapidement caché dans la brume de la mer du Labrador, encore! Et celle-ci nous envoie sa houle! Heureusement pas très longtemps car nous nous avancerons entre de majestueuses montagnes aux nombreuses aiguilles sombres, parsemées de glaciers, souvent couronnées de halos nuageux blancs, gris ou franchement noirs, sans pluie, dans un ciel très bleu … des icebergs énormes nous entourent, comme des guimauves scintillantes flottant dans un cercle d’eau aqua… Une allure dramatique à la « Seigneur des Anneaux »… On a débarqué à Ikigait en dinghy, aventure un peu difficile en raison des forts vents ad 42.3 nœuds aujourd’hui…. Le point de vue magnifique compensait pour le manque de ruines norvégiennes visibles! Un panneau les indiquait mais les ruines vues étaient celles de cabanes récentes soufflées par le mauvais temps! C’était l’endroit où Erik Le Rouge a créé une communauté marchande en 985, intéressante par sa proximité de la mer. Le soleil nous a accompagnés tout le long de l’après-midi, à travers les chaînes de roc au pied d’impressionnantes montagnes à aiguilles. L’eau oscille entre 2.2 C et 3,7C. Il fait toujours 11C dans le bateau, 52F. On a rencontré un pêcheur aujourd’hui qui a voulu nous vendre l’un de ses 4 saumons couchés dans sa barque à moteur, ainsi qu’un beau cargo rouge et blanc, suivi d’un magnifique bateau de croisière noir et blanc, le Maasdam, de la ligne Holland America, long de 927pieds. Peu de passagers s’aventuraient sur le pont, seuls 3 braves nous envoyèrent la main du haut du pont supérieur! Nous nous sommes rendus à Aappilatoq, un petit village de 90 habitants niché dans les rocs au pied de hauts murs montagneux… un beau creux d’ondes!!! On a quand même pu rejoindre Michel par Iridium mais pas Greenland Radio par VHF.
D 12/08 Aappilatoq – Ikerasassuaq Weather Station Prins Christian Sund (60.04’N 43.11’W)- 47.80mn/1271.98 mn total-quai
Partis à 0630 sur mer d’huile avec peu de vent. On n’a pas pu acheter rien hier, ni même posté mes dernières cartes car tout était fermé… On n’aura plus de services pour 400 milles à venir, mais on devrait tenir le coup, tout au moins en bouffe… Le diesel inquiète un peu Claude, qui n’avance pas avec un vent de face maintenant ad 23.4 nœuds et un fort courant de 3 noeuds… Vitesse du bateau 1.5kn de temps en temps… J’ai du fermer le désalinateur car l’eau brouillée résulte ici des dépôts de moraine… On a vu un glacier immense toucher l’eau et plein de belles cascades… L’eau est à 2.2… Heureusement que le soleil me permet de sécher mes serviettes avec lesquelles j’essuie régulièrement la condensation sur murs et hublots…Beau ciel bleu. On longe des falaises rocheuses parsemées ici et là de cascades et d’herbe verte courte. On s’est même approché d’un glacier tombant dans l’eau sur une bonne surface, entendant les vrombissements, craquements et éclaboussures dans l’eau… Puis notre route croisa une large bande de bits mur à mur, de 1.5 milles de largeur, celle du canal, sur .5 mille de longueur… Il a fallu tricoter à travers et nos simultalk nous ont grandement aidés à communiquer entre le capitaine et sa figure de proue en pichous… je venais de prendre ma douche!!! Ne nous trompons pas, il fait bien 5 ou 6 C dehors, 16 dans le bateau et 4 à 5 C dans l’eau! Ça se réchauffe!
L 13/08 Ikerasassuaq – Kuugarmiut (60.20’N 43.19’W) -38.72mn/1310.70 mn total – ancrés
Il est 9h30 am et nous quittons le quai tranquille avec Internet, merci beaucoup! Nous avons eu une belle soirée hier, bien accueillis par les 2 équipes de travailleurs ici. La première, celle de la construction, est en train de rénover et construire un nouveau quai. Ils sont 4 travailleurs du Groenland et ils nous ont vendu 30 litres de diesel. Ils nous ont invité pour prendre un café et des biscuits avec eux dans leur container cuisinette à 21h00, ce que nous ferons avec joie après avoir redescendu l’interminable escalier de bois qui vient de la station tout en haut des rochers… Nous y avons d’abord rencontré 6 gros chiens hurlant et jappant, un peu beaucoup impressionnants, mais deux se sont approchés avec un air si gentil que même moi je les ai flattés… De beaux gros toutous qui ressemblaient à des collies miniatures mais gras! Faut dire que le monsieur de la station est sorti pour les calmer et nous rassurer!!! Sinon, je serais encore dans l’escalier 20 pas derrière Claude!!! Il nous a introduits au gérant de cette station météo ainsi que de 5 autres tout autour du Groenland. Ces postes appartiennent à une organisation internationale de l’aviation qui surveille les conditions climatiques en haute altitude en envoyant des ballons tous les jours à 30 km dans le ciel!!! Et ils informent tous les aéroports internationaux! Ce gérant est groenlandais d’origine danoise et vient de Nuuk alors que le premier employé rencontré est danois et vient travailler pour 7 mois. Nous avons aussi rencontré le cook qui s’affairait à préparer une réception pour le ministre danois de l’environnement qui vient rencontrer le ministre groenlandais pour discuter projets et financement! Ils nous ont offert biscuits et café et m’ont fait signer leur livre d’invités où j’ai lu plein de visites de voiliers, dont le bostonien Celeita que nous avions croisé à Qaqortoq, prenant le quai de plaisancier qu’ils quittaient. Revenus au voilier après tous nos cafés vers 22h00, je nous ai préparé un charmant et délicieux souper aux boconcini-tomates-épices-huile d’olive sur bon pain multi grains, le tout avec une bonne bouteille de vin espagnol, notre meilleur à date. J’avais trouvé des boconcini à Nanortalik, alors qu’il n y avait pas de lait, pas d’œufs, très peu de légumes dans cette épicerie!!! Puis j’ai fait de l’internet auquel j’ai réussi à me contacter par la peau des dents, dans une condition extrêmement précise et inconfortable, dans le bout avant du lit!!! Il ne fallait pas bouger l’ordi d’un pouce sinon on perdait le signal!!! Je me suis rattrapée dans mes mails! Et aussi j’avais pu laisser à la station mes cartes postales!
Ce matin, Claude a fait son internet vers 6h30 am puis après déjeuner, nous sommes retournés tout en haut du grand escalier pour téléphoner au Ice Control. Ils nous ont confirmé la présence de beaucoup de glace le long de la côte est qu’il nous déconseille. Ils suggèrent que l’on se tienne à 20 milles des côtes! Ouache… Vaut peut être mieux alors traverser en bas sur 600 milles nautiques que 300 plus 400… On verra. Malheureusement nous n’avons pas non plus de bon vent. Il est du nord-est, donc de face… Nous devrons attendre de meilleures conditions… Il fait pourtant beau et chaud ce matin. Belle journée en vue quoique ça commence à brasser!!! Il fait toujours 56F dans le bateau et 5.2C dans l’eau… Le vent est à 13kn.
Belle journée ensoleillée finalement, à moteur uniquement cependant. Ce qui est mauvais pour le diesel!
L 20/08 Caroline Amalies Havn… en mer vers Tassilak –à minuit : 63.20N 39.21W – 77.30mn/1652.15 total – en mer
Ouf je suis en retard dans mon journal ordinateur… Le journal de bord papier est à jour, heureusement… Partons finalement pour traverser en mer vers le nord-est à 50 milles nautiques des côtes vers Tassilak à partir de Caroline Amalies Havn…
Ayant parcouru 302.87 milles nautiques, (190 milles nautiques en ligne droite), depuis Ikerasassuaq, la station météo du Prins Christian Sund, nous avons longé la côte pendant 7 jours, du 13 au 19 août, ancrant ici et là dans de petites baies souvent difficiles d’accès en raison des glaces… Voici pourquoi aujourd’hui, nous cessons de longer les côtes car cela devient de plus en plus ardu de se faufiler entre les icebergs, les growlers, les récifs et les hauts-fonds. Et aussi, les distances deviennent maintenant définitivement trop longues entre les ancrages possibles, et, de plus, les réserves de diesel deviennent trop limites. Il nous reste au moins 100 litres que Claude vient de rajouter hier à partir de nos jerrycan de réserve… donc, on estime à 150-160 litres notre réservoir actuel… Ce qui est peut-être insuffisant pour la distance à parcourir le long des côtes à contourner icebergs et îles.
Nous avons visité à deux occasions d’anciennes stations Loran C ou météo abandonnées, marchant à travers bâtiments écroulés ou dévastés par les intempéries, vitres éclatées, portes arrachées, machineries et outils rouillés, immenses réservoirs de carburant, tonneaux renversés, toits arrachés, une botte ici et là, et même des os grugés… mais pas d’autre signe d’ours polaire… quoique nous ne prenions pas de chance… fusil à l’épaule, klaxons en bandoulière ainsi que 2 bonbonnes de poivre de cayenne, nos bâtons… et aussi Claude a accepté de quitter le quai pour se mettre à l’ancre car je trouvais trop aisé pour les ours polaires de sauter dans le voilier à partir du quai… surtout que tous les hommes de la station météo de Prins Christian Sund nous ont affirmé que les ours polaires sont peureux sauf si affamés, et que dans l’eau ils ne peuvent pas embarquer dans un bateau, alourdis par leur graisse et le poil mouillé!!! Ils sont comme les icebergs, 9/10 dans l’eau, juste la tête qui sort à peine… Et qu’on pourrait les assommer tout simplement! Je ne sais pas si j’oserais!!! Mais ils peuvent embarquer facilement à partir d’un quai ou d’un iceberg flottant… C’est quand même rassurant que le Ursus Marinarus ne puisse pas grimper sur notre voilier malgré ses capacités athlétiques renommées en natation… Ils peuvent quand même nager à 5 mph (4 ou 4.5 nœuds)… donc nous rattraper quand on est à voile ici… car on n’a pas beaucoup de vent!!!
Aussi, nous avons fait du hiking hier à Caroline Amalies, un endroit de rêve, où il faisait un temps superbe, une température rarement chaude à date ici de 10-12C sur terre, nous permettant de ne marcher qu’avec un petit chandail mais beaucoup de OFF!!! Plein de mouches noires!!! Beaucoup de petites fleurs et de photos!!! Les vues magnifiques sur les glaciers lointains, les icebergs dans les fjords avoisinants et même la mer, s’étalaient sur 360 degrés tout autour de nous, ayant grimpé plusieurs petits sommets de 300 pieds. Andrée Anne Rachel était tranquillement ancrée dans un écrin de roches et d’eau turquoise faisant penser aux Bahamas… L’eau était à 10C!!! Mais la nuit s’est refroidie! Juché sur le siège du dinghy, Claude a défait et nettoyé la caméra arrière fixée sous le panneau solaire et on voit clair maintenant! En arrière… car celle du mât continue de perdre son signal de façon intermittente… Ce sera plus compliqué! En même temps, Claude a resserré le pataras arrière qui haubane le mât à l’arrière… Plus solide, peut-être que les bruits dans le bateau diminueront en mer? J’avais l’impression que le mât sautait sur la quille à chaque grosse vague fracassante pendant notre traversée houleuse entre le Labrador et le Groenland…
Le jour, en route, je fais plein de photos d’icebergs, de montagnes et de glaciers, je lis s’il n’y a pas trop de houle… Je fais de l’eau avec le désalinateur, ainsi que du Kool Aid ou du Chrystal Light!!! Le Coke est très cher au Groenland!!! Aussi, je fais de la couture! Je répare nos pantalons usés, toujours le dodger et j’ai commencé à repriser la toe qui recouvre en hiver notre grand voile!!! Déchirée cet hiver par les grands vents du Labrador, elle présente toute une lignée de pointillés le long de la bôme!!! Un gros projet! On va s’en servir cet hiver car nous ne pensons pas que Genco nous livrera à temps à Reykjavik la toe neuve avec notre toile d’hiver. Je suis rendue à 44 trous sur 4 à 5 pieds de long!!! Dont certains sont comme des crevasses!!! Je ne sais pas si j’aurai assez de fil!!!
Matin et soir, je fais la vigie au boute hors pour sortir ou entrer de nos ancrages, pour aviser Claude sur le passage entre les glaces et les récifs… Heureusement qu’on a nos Simultalk de Eartec ou les walkie talkie en dépannage de batteries!!!… C’est vraiment essentiel! Le soir du samedi 18 août fut particulièrement spécial! On a dû essayer sur quinze milles nautiques 2 ancrages avant d’en trouver un troisième accessible, et ce, en se faufilant entre la côte rôcheuse et un gros iceberg dont on a frôlé la partie immergée impressionnante… On a eu chaud malgré la basse température!!! HIHI… Il faut dire qu’on avait revêtu pour la circonstance (rouler tard le soir ad 21h30) nos vêtements de flottaison de la tête aux pieds, qui nous donnent l’allure de bonhommes Michelin orange. Très chic! Mais surtout sécuritaire! Si on tombe à l’eau, on flotte et on peut survivre 15 minutes au lieu de 5 avant de mourir d’hypothermie!!! Prolonger le supplice comme disait Claude… Et malgré notre surveillance incessante, on a quand même frappé et passé par-dessus un growler translucide de la grosseur des anciennes malles de voyage!!! BRRR! Aucun dommage cependant, à date! Ouf!
Voici le détail des journées du 13 au 19 août…
Lu 13/08 Ikerasassuag (Prins Christian Sund) – Kuugarmiut 60.26N 43.19W – 38.72 mn/1310.70mn total – ancrés
Ma 14/08 Kuugarmiut – Qajartalik 61.03N 42.44W – 65.70mn/1376.40mn total – ancrés
Me 15/08 Qajartalik – Qagssidlik 61.15N 42.47W – 32.10mn/1408.50 total – ancrés
Je 16/08 Qagssidlik – Qutdleg 61.32N 42.17W – 28.84mn/1437.34mn total – ancrés
Ve 17/08 Qutdleg – Timmiarmiut 62.32N 42.10W – 73.30mn/1510.64mn total – ancrés
Sa 18/08 Timmiarmiut – Vend Om Channel 63.08N 41.27W – 53.10mn/1563.74mn total – ancrés
Di 19/08 Vend Om Channel – Caroline Amalies Havn 63.1N 41.19W – 11.11mn/1574.85 total – ancrés
Ma 21/08 En mer vers Tasiilaq – à minuit : 64.53N 38.14W – 119.30mn/1771.45 total – en mer
Hier, donc, lundi 20, nous sommes partis de notre petit coin de paradis au nom bien spécial pour nous (Caroline Ama(é)lie!), par une belle journée ensoleillée sur des eaux calmes, juste après notre bon déjeuner de crêpes! L’Iridium, notre téléphone satellitaire, ne voulait rien savoir pendant trois heures! Aucun signal, rouge tout le temps… et il fallait appeler Greenland Radio pour nous rapporter comme d’habitude à notre départ et notre arrivée… Si on était ailleurs, notre ami diplomate Michel L nous dirait espionnés! Mais ici on sent une protection, quoique probablement bien illusoire! Ils n’ont pas de Garde Côtière, même pas d’antenne VHF sur 400 milles de côtes! Mais ils pourront dire à nos parents et amis où nous étions avant notre disparition et où nous nous dirigions! Finalement, en le fermant et le rouvrant à nouveau, le signal est devenu vert! La technologie a toujours ses limites et ses mystères! La journée s’est bien déroulée, quand même, à part le fait que le vent se levant du NNE et le courant vers le sud est nous ramenaient vers le sud est!!! On a même redescendu en latitude de trois milles je pense… Une chance que l’on progressait vers l’est au moins!!! Et que l’on pouvait au moins nous éloigner à plus de 30 milles de la côte pour éviter les glaces flottantes car de nuit nous ne pouvons nous permettre de faire face à ces dangers certains. Grosse houle hier et vagues contraires et contrariantes!!!
Dans cette mer démontée, nous sommes restés au près serré et dans la mauvaise direction (lire : parcours indirect, off course) toute la journée, vers l’est-sud-est, puis le nord-est en soirée et cette nuit, toujours en surveillant l’anémomètre et corrigeant constamment notre direction… Puis le radar en plus pour la nuit! Il faut dire que le soleil s’est couché à 20h30!!! On s’est occupé toute la nuit avec des shifts de 3 heures chacun… humides dans nos combinaisons orange, couchés dans le cockpit à tour de rôle… Vers 23h00, lorsque le vent a tourné au sud, Claude a mis le moteur en marche et, faisant du motor sailing sous gênois et grandvoile puis grandvoile uniquement, a mis le cap sur Tasiilaq … Il nous reste maintenant, à 14h30, mardi 21, 79 milles nautiques au moins à faire avant d’entrer dans le fjord vers notre destination finale, l’avant dernière au Groenland… Nous devrions arriver demain en fin de matinée, mercredi, si Poséidon et Éole s’entendent bien! Aujourd’hui, il fait froid, nuageux, humide, un peu de brouillard, mais la mer est plus calme malgré un petit vent de face Nord Nord-est et le moteur… L’eau est à 7.9C, surprenante car il fait très froid… J’ai les doigts gelés, Claude a mis sa tuque durant le jour! C’est le Gulf Stream qui apporte ces eaux si chaudes!!!
Me 22/08 En mer 64.53W 38.14W – Tasiilaq – 65.37’N 37.30’W – 54.90mn/1826.35 total – ancrés
Bon! L’eau n’est pas restée à 7.9C mais a descendu à 3.6C ce matin! Et cette nuit le frimas couvrait le bateau! Belle journée ensoleillée mais froide… Mer calme, parfaite pour notre arrivée près des côtes jonchées de magnifiques icebergs au pied de majestueuses montagnes enneigées… Décor sublime… Le lever de soleil a aussi été extraordinaire, se miroitant dans la mer miroir dans lequel baignait non loin de là un gros iceberg à l’horizon jaune!
Mais la nuit d’avant fut plus corsée!!! En effet, j’avais couché Claude (!) à 21h00 mais à 23h00 la densité des icebergs à 24 milles de nous et la présence de deux d’entre eux à 7.5 et 12 milles nautiques nous ont forcés à réviser notre stratégie! Ralentissons, peut –être même devrions nous arrêter et attendre le jour car les gros icebergs indiquent habituellement une nuée de bits, growlers et glaçons divers que l’on ne peut se permettre de frapper en pleine nuit! Je suis donc sortie sur le pont avant la gelée de la nuit pour laver à l’eau douce les fenêtres du dodger pour mieux voir la noirceur!!! Claude essuyait la buée le versant intérieur… Finalement je me suis couchée un quart d’heure avant minuit dans le cockpit et Claude assurait la vigie, sans me réveiller, jusqu’à 4h30 am! Mort de fatigue, il insistait pour attendre la levée du jour avant de me laisser la surveillance! Il s’est endormi immédiatement, et ce, jusqu’à 9h10 am!!! Et surprise, le VHF a repris du service après 9 jours de silence radio!!! La côte est s’avère vraiment inhospitalière et même dangereuse, mais si belle!
Nous sommes finalement arrivés à Tasiilaq vers 13h00, terminant nos douches et remettant toutes nos défenses qu’on avait entreposées à l’arrière du bateau pour les traversées… Mais non, aucun quai ne saura nous accueillir, même pas celui du diesel… Le port est très achalandé et peu profond, encombré de nombreux petits bateaux de plaisance tous amarrés en tas sur des bouées privées!!! J’ai même vu des gens passer d’un bateau à l’autre pour atteindre le leur! Un plaisancier sur un gros bateau moteur, Kisaq, nous a accueillis et expliqué les us et coutumes du coin, et qu’il nous fallait nous ancrer à l’extérieur du port avec son bateau et un autre charmant chalutier noir et blanc, de New York, Cape Race. Claude transporte donc son 190 litres de diesel en 2 voyages de dinghy. Il n’y a même pas de place pour moi! Il a rempli le réservoir avec 75 litres qu’on a donc utilisé pour notre traversée de 2 nuits et 2 jours et demi sur 251.5 mn depuis Caroline Amalies Havn. Nous allons aller nous promener en ville ce soir pour souper (et enfin jeter nos poubelles!) et fouiner pour nous trouver de l’internet… je n’en ai pas à l’ancre! Et demain nous ferons nos commissions (bureau de poste, épicerie, télébanking, shopping) avant de repartir vendredi du Groenland pour une autre traversée, la dernière pour ce voyage, pour nous rendre à 400 milles nautiques d’ici en Islande. Cela devrait nous prendre 4 à 5 jours et nuits.
J 23/08 Tasiilaq – ancrés
Belle soirée hier soir à Tasiilaq, particulièrement la Pizzeria du coin!!! On a dégusté deux pizzas, mais la meilleure sans contredit était bien la Quatre Fromages!!! Un délice! La ville de Tasiilaq est colorée mais manque de peinture! Par contre les vues sur les montagnes tout autour sont édifiantes… Charmant petit port et belle petite église rouge juchée sur ses rochers… Nous avons grimpé quelques rues et sentiers sur les petites collines avoisinantes au pied de l’hôtel surplombant le village… Des chiots de traineau nous ont adoptés! Et Claude s’est endormi à 20h30 sur le divan de la cuisine, complètement brûlé! Il a dormi 13heures!
La journée du 23 fut plus nuageuse et froide : 56F (13C) dans le bateau en chauffant! Et ce soir à notre retour, 50F (10C)… On doit chauffer ce soir et on a remonté la température ambiante à un gros 58F (15C)!!! On sirote notre rhum and coke, car on s’est acheté du Coke, yes! Et encore de la pizza ce soir!!! Au resto, nous avons jasé avec une douzaine d’américains qui terminaient leur trip de kayak de 12 jours, campant la nuit! BRRR! Pire que nous! Plus proche de l’eau et plus froid la nuit!!! Dans la journée, on a visité tout le village et fait plusieurs commissions, entre autre la soudure de la pompe d’eau de mer de la cuisine… Mais aucun téléphone en ville! On a marché jusqu’au cimetière très fleuri de couronnes multicolores posées sur les croix blanches, au creux des montagnes au loin… Puis on est allé faire une grosse épicerie, revenant par des grandes côtes asphaltées que les petits enfants dévalent sur leurs tricycles!!! Et tout le long de nos marches, on a pu identifier clairement l’origine des cris que l’on attribuait à notre arrivée la veille aux oiseaux ou aux enfants… Eh non, c’était les chiens de traîneau qui sont attachés à leurs rochers un peu partout qui chialent ainsi!!! A notre retour au dinghy, une rame avait disparu et le coffre avait été déplacé… Des enfants étaient venus jouer avec notre dinghy! Heureusement la rame flottait non loin de nous! Ouf…
V 24/08 Tasiilaq – Kulusuk, 65.34N 37.11W, 13mn/1839.35mn total – ancrés
Jour de lavage et de séchage en route au soleil à petite voile au grand largue. Petite journée, nous sommes arrivés en début d’après midi, pour se mettre à l’ancre à côté de notre quatrième voilier au Groenland, l’Argo, VA, un beau voilier bleu de 60 pieds environ, au pavillon français, qui quittait justement avec ses 7 équipiers. Sur terre, nous avons marché vers l’aéroport fermé par contre, pour aller souper à l’hôtel pas très recevant par contre… Complet! On n’a pas pu souper là, donc nous sommes revenus souper sur Andrée Anne Rachel. On a aussi rencontré un Islandais qui tient boutique et commerce de guide/kayaking etc… J’y ai trouvé de beaux morceaux d’os de renne sculptés finement… la plus belle figurine de démons que j’ai vus à date… et un coupe papier en forme d’otarie (ou le contraire! Une otarie en forme de coupe papier!!!) Mais le soir, une mauvaise surprise nous attendait : Michel nous apprenait que les prochains jours ne seraient pas favorables pour une traversée, car 2 journées seraient ROUGES, mardi et mercredi prochain, avec des vents de face d’au-delà de 30noeuds et des vagues de 4.5m, nous forçant ainsi à remettre à plus tard, dans 5 jours, notre projet de traversée vers l’Islande!
S 25/08 Kulusuk – ancrés
Belle journée ensoleillée mais toujours froide! Nous avons marché vers l’aéroport bondé de touristes attendant les prochains vols… Et d’autres arrivant, dont le gérant de la station de Prins Christian Sund, qui m’a reconnue alors que je tentais d’obtenir Internet (toujours sans succès!)… Les soixante touristes de l’hôtel semblant tous quitter, on pensait avoir une chance de souper à l’hôtel sur notre chemin du retour mais, non, personne à la réception!!! Comme la veille, nous sommes dons revenus souper au bateau! Et encore un enfant en train de descendre dans notre dinghy et qui tentait de partir le moteur!!! Ouste!!! Il ne devait pas être le premier car la corde avait été détachée et renouée différemment, les gilets de flottaison piétinés de bouette et la rame encore soulevée!!!
D 26/08 Kulusuk, – ancrés
Belle journée ensoleillée… encore du lavage et aussi de la couture… J’ai cousu un nouveau flap pour le dodger afin de couper la brise et surtout la pluie ou les vagues… Ça m’a pris la journée!!! J’ai aussi réparé la grand voile à son point de drisse… Claude a nettoyé plusieurs connections du démarreur, a changé la connection de la pompe de gaz de la cale en espérant que le détecteur de propane ne se déclenche pas à tout propos comme il le fait ces temps ci! On a remonté nos défenses car il semble que l’on puisse partir! Michel nous a appris la bonne nouvelle en fin d’après midi : le rouge a disparu dans les prochains jours… Que du jaune! Du 15-20 nœuds Nord Est quand même, mais mieux!!!
L 27/08 Traversée Kusuluk, Groenland vers Reykjavik, Islande, à minuit : 65.24N 34.55W, 74.90mn/1914.25mn total – en mer
Partis à 6h00am dans le brouillard et le froid malgré un petit soleil timide qui veut percer!!! Et qui va finalement nous réchauffer, mais dans le cockpit! Fermé, heureusement, et c’est un MUST! Un vrai solarium! Petite mer calme mais du roulis! O.5 m de houle. Vent arrière 4 à 5 nœuds. Eau à 3.8 C! Moteur only!
Ma 28/08 En mer vers Reykjavik, à minuit : 65.10N 031.13W, 110mn/2024.25mn total – en mer
Oh la! Encore des Icebergs ce matin!!! Même rendus à plus de 75mn de la côte… On croyait avoir vu le dernier à 35 mn ce matin tôt, mais non, un autre 40 milles plus loin… pas drôle… On se croyait en sécurité la nuit dernière!!! Ouf! Il fait 48F ou 9C dans le bateau¸ et 2.9C dans l’eau! Et à côté de mon gros iceberg, un cargo à la dérive se trouvait là! Il était là, nous a-t-il dit, depuis 2 semaines à travailler! Pourtant son AIS disait qu’il devait être arrivé à Tasiilaq 6 jours auparavant!!! Enfin!
Il fait nuageux, gris et très humide, donc froid, pour ne pas me répéter! Belle journée de trentième anniversaire de mariage!!! J’ai fait cuire des biscuits au chocolat!!!
M 29/08 En mer vers Reykjavik, à minuit : 64.47N 026.57W, 119.70mn/2143.95mn total – en mer
Ce matin, un escadron d’une quinzaine de petites baleines noires, des Pilot Whale, est venu nous rencontrer et nous suivre… quand même impressionnant, plus que nos petits dauphins habituels! Et cette journée marqua notre mi-chemin entre le Groenland et l’Islande. Il reste encore 198 milles nautiques à faire… Ce soir tranquille m’a permis de cuisiner du poisson aux mangues, un délice inspiré de la recette d’Amélie… Eh oui, on trouve des mangues au Groenland, ainsi que des oranges, des pommes et des poires, leurs fruits les plus courants… et aussi des avocats, des pommes de terre, de la salade iceberg en long, mais vraiment, rien d’autre que du congelé par ailleurs!!! Les carottes en sac sont pourries!
J 30/08 En mer vers Reykjavik, à minuit : 65.10N 031.13W – Ólafsvik 64.54N 23.42W – 98.11mn/2242.06mn total – quai
On l’a échappée belle! De gros nuages noirs et menaçants nous séparaient de Reykjavik, accompagnés de forts vents annoncés qui nous ont forcés à changer nos plans! Au lieu d’entrer en Islande par Reikjavik, nous nous sommes donc dirigés plus au nord vers Ólafsvik, coupant ainsi notre route de 40 milles et nous permettant de nous mettre à l’abri plus tôt dans ce petit port commercial très propret mais très occupé et plein… On s’est mis à l’épaule d’un gros bateau de pêche à l’aide d’un passant, possiblement le Maître du Port. Les vents étaient alors très forts, même au port… jusqu’à 47 nœuds! Un capitaine de bateau est venu nous porter 2 gros sacs pleins de poissons divers (des soles, de gros poissons oranges, un gros noir, 4 écrevisses !) Un policier est venu au bateau pour nous dédouaner vers 22h15 alors qu’on ne l’attendait plus… Surtout qu’il ventait encore tellement que même au quai on gîte, et l’autre bateau sur lequel on est à l’épaule se tient très loin du quai… et il faut escalader un franc bord assez haut pour entrer et sortir de notre bateau… De plus on est à marée basse, alors le quai est très haut de l’autre bateau!!! Mais il a réussi! Très sympa, il nous a donné la permission de sortir du bateau… mais avait oublié son étampe pour nos passeports…
V 31/08 Ólafsvik – quai
Il fait froid ce matin et il pleut… alors on ne sort pas du bateau… Claude dort et lit, moi je me rattrape dans mon journal de bord électronique! Il faudrait bien aller visiter l’Islande! O n attend que cesse la pluie! En après midi, on est allé faire un peu d’épicerie, de boulangerie (les bakari regorgent de bons pains et de pâtisseries délicieuses, de vrais croissants au beurre!!! D’ailleurs c’est à la pâtisserie que l’on a rencontré un lieutenant colonel d’Ottawa en vacances ici. Très gentil… Et l’alcool n’est pas aussi cher que mon guide français mentionnait, car nos normes canadiennes sont aussi surtaxées!!! Pas comme en France!!!
S 01/09 Ólafsvik – quai
Belle Journée malgré la pluie… et que le centre des visiteurs soit fermé la fin de semaine!!! On s’est trouvé un wifi du bout des dents encore une fois, pour au moins nous procurer des billets d’avion… C’est fait, on rentre à Montréal le 15 septembre! On est allé ensuite faire du hiking dans la belle montagne surplombant Ólafsvik, mais la pluie s’est intensifiée… Très mouillés, nous ne purent quand même pas gravir la montagne car elle était dans le brouillard intense… On n’aurait rien vu!!!
D 02/09 Olafsvik- en mer vers Reykjavik, à minuit : 64.22N 22.27W – 75.80mn/total 2317.86mn – en mer
L 03 /09 REYKJAVIK ISLANDE (64.09’N 21.56’W) – 39.53mn/2357.39mn total – au quai
ON A RÉUSSI À REJOINDRE REYKJAVIK! TROIS ESSAIS depuis le 30 août!!!
Notre dernière traversée fut la plus pénible!!! Partis le 27 août de Kusuluk au Groenland où l’on attendait que les tempêtes (mer rouge selon notre météorologue) s’effacent, nous avons eu beau temps jusqu’à notre approche finale de Reykjavik le 30 aout en soirée d’une journée de mer miroir: à 15 milles environ le vent a grimpé jusqu’à 35 noeuds et 43 même alors on a dû changer de cap vers le nord et attendre au quai d’une belle petite ville, Olafsvik… 2 jours. Nous sommes repartis le 2 sept vers Reykjavik, 100 milles nautiques à faire mais là encore, en soirée, le vent a encore fait des siennes avec de la pluie forte en plus. Après ma douche sur une mer miroir, j’ôtais mes cheveux sur mes mains mouillées et j’ai lancé mes cheveux à la mer AVEC MA BAGUE en argent!!!! snif snif et malgré mon offrande, ou peut être à cause de mes cheveux, la mer s’est déchaînée!!! La garce!
Et toute la nuit… vents de 47 nœuds…on s’est même mis sous la cape de 2h30 am ad 4h30 am le 3 sept mais on reculait de 3 milles à l’heure… pas le fun du tout… alors on a reparti le moteur et les toutes petites voiles nous ont mené à 8 milles de Reykjavik où on s’est ancrés pour dormir un peu de 9ham ad 13h pour se reposer et attendre que les vents redescendent!!! Et vers 17 h nous avons enfin rejoint Reykjavik… toujours le 3 sept… Et on était mouillés, MOUILLÉS… pouah!
Nous sommes maintenant au quai de Brokey Yacht Club, petit mais charmant au pied d’un opéra et palais des congrès ultramoderne au superbe design de verre coloré… La ville de Reyjavik est propre et moderne… On s’est trouvé une location d’auto, un endroit pour réparer 2 de nos 3 voiles décousues (J’ai recousu moi même la grand voile, trop de trouble de défaire l’enrouleur dans la bôme…), et là on se cherche un endroit pour sortir AAR de l’eau et l’hiverniser… Ça va bien… On a eu un super voyage, du beau et du mauvais temps…
Et on a rencontré une foule de gens intéressants et particuliers!!! La V’limeuse, un voilier québécois qui a fait le tour du monde avec une famille il y a une dizaine d’années, reprend la mer avec un couple français et leur fillette de 3 ans… et ils sont juste derrière nous au quai… et c’est Sébastien Roubinet, celui qui a fait en catamaran le cap Horn en 62 heures, le passage du nord ouest dans l’Arctique canadien à voile seulement, sans moteur, en catamaran Babouche… et qui a tenté un passage aussi en Petit Babouche (plus petit catamaran encore avec patins et skis) sur la glace du pôle nord… et plein d’histoires encore plus énervantes que nous!!!
Gerry, un écossais certainement septuagénaire qui s’en retourne chez lui, seul à bord de son voilier de 28 pieds, Meris… Un autre Anglais, Andrews, qui a construit son voilier en acier rouge, à l’allure d’un sous-marin rouge de 22 pieds sans savoir trop faire de voile avant la saison dernière, a traversé de l’Angleterre en Islande en essuyant deux tempêtes magistrales… mais le plus original encore, c’est qu’il a sorti son voilier de l’eau pour le transporter sur une remorque motorisée par 6 cyclistes avec lui qui dirige en avant avec un volant conventionnel, sous le voilier! Il veut ainsi traverser l’Islande d’ouest en est!…
J 06/09 Reykjavik – quai
Trois belles journés à Reykjavik… Internet wifi à l’opéra et maintenant au club, restos, préparation du dinghy et du voilier, lavage, et surtout, nous avons réussi ce soir à organiser notre sortie de l’eau et l’hivernage de AAR!!! Nous irons samedi au quai d’un autre club, le Snarfari Yacht Club, non loin d’ici, par marée haute, afin de pouvoir se faire sortir de l’eau dimanche le 9 septembre par une grosse grue bonne pour 100 tonnes… On n’en fait que douze, on devrait être OK! Aki, un jeune homme très sympathique et dévoué, responsable du club ici, nous a beaucoup aidés en contactant les gens nécessaires et nous a ainsi dénichés un ber très solide qui accommodait l’hiver dernier un autre visiteur, Celeita, un voilier américain de 45 pieds environ que nous avions croisé au Groenland!!! Le monde est quand même petit!!!
D 09/09Reykjavik – quai
Enfin sur ber!!! Oui, nous avons changé de yacht club… Au lieu du Brokey YC, nous sommes maintenant au Snafarni YC, sortis de l’eau et sur le ber que Celeita, le voilier vert de Qaqortoq, utilisait l’an dernier…
On a quitté hier soir Brokey pour nous rendre ici afin de sortir de l’eau ce midi. Une grue nous a aidés!!! Un peu énervant… pas mal plus que le travel lift auquel nous sommes habitués en Amérique du Nord… Compliqué est le mot… Et là, il vente incroyablement, on bouge sur notre ber qui semble par ailleurs solide, même si modifié pour nous par son proprio qui nous le loue pour la saison d’hiver. Jakob est l’homme de confiance du club et il nous a beaucoup aidés.
S 15/09 RETOUR MONTREAL (45.27’N 73.44’W) Vol 613 Icelandic Air vers NY puis American Eagle vers Mtl . arrivée 17h40
Et voilà, c’est fait! Andrée Anne Rachel est finalement en storage pour l’hiver au grand malheur de Claude qui pense l’avoir abandonnée!!!
Mais non, on l’a bien chouchoutée pendant une semaine!!! On a fini de l’emballer hier, vendredi, vers 13h00!!! Les 2 petites toiles couvrent à peine l’arrière du bateau à partir du mât, une première! Le boute-hors est superbement évident, pointant vers l’océan!!! L’intérieur est définitivement moins beau, tout est emballé de plastique, même mon cadre!!! J’ai fait des tests aussi, en laissant quelques conserves à geler probablement mais dans des ziplocks dans un gros plat de plastique dans un gros sac de plastique, dans le frigo ouvert (mais qui ne fonctionne pas, évidemment!!!)… Le bateau est rempli au plafond avec le dinghy, son plancher, son moteur et son réservoir d’essence, les deux voiles des enrouleurs avant (foc et génois), les défenses, les bouées de sauvetage, les vélos, les coussins enveloppés, les douillettes, le linge sale qu’il faudra laver à l’arrivée, les sacs de bouffe sèche (farine, sucre, épices, café, chocolat, etc) et déshydratée qui nous reste… ainsi que du stock à rapporter lors de notre voyage préparatoire de juin 2013 (cartes marines et romans terminés…)… On retourne en juin puis en juillet, on se remettra à voguer sur la mer vers les iles Féroé et l’Écosse… À plus tard!
France et Claude