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14 Septembre 2015
Hamn i Senja 69°25’N 017°10’E
14.50mn, 1496.16mn (2015-2), 1924.24mn (total 2015) QPL
11:26 Une superbe journée s’annonce! Un ciel bleu mur à mur! Un soleil tellement chaud même s’il était encore bas à 9:30 ce matin chauffant le cockpit pour notre déjeuner aux crêpes, encore! Les crêpes, encore, pas le soleil chaud! Ce dernier se fait plutôt rare dans le coin!
En route vers Hamn i Senja
J’ai recousu les drapeaux anglais et écossais, je suis à faire de l’eau dans le réservoir maintenant, car nous sommes à moteur sur une belle mer très calme. Vents faibles de 5 noeuds. Très légère houle qui occasionne un très minime roulis. Nous voguons les fenêtres ouvertes du cockpit et je fais sécher mon pyjama sur la corde à linge, hum, la filière!
12:52 Nous sommes amarrés à un très beau quai, solide, neuf, derrière un très beau voilier probablement norvégien, au sein d’un resort chic avec marina. 200 NOK ou 33$ pour la nuit avec eau et électricité si vous faites moins de 49 pieds, sinon, c’est 350 ou 56$… C’est très bien! Il fait encore un temps superbe, un vent de 1.7 noeuds, brise minime qui ne refroidit qu’à peine les chauds rayons de soleil omniprésent aujourd’hui!
Andrée Anne Rachel au quai de Hamn i Senja
Nous partons en randonnée sur la montagne de 1537 pi ou 467 mètres où se trouve un barrage hydro-électrique construit en 1882, le deuxième au monde! Le sentier n’est vraiment pas visible d’en bas, aucune pancarte, rien. Nous commençons donc dans la forêt, suivant des traces dans l’herbe haute et quelques rubans rouges ici et là. Plus haut, beaucoup plus haut, aux deux-tiers de notre montée, nous retrouverons la piste officielle, large, évidente et marquée de beaux cairns. La dernière partie me fait surmonter ma récente phobie des hauteurs! Oui!
Habituellement, je n’ai pas ces problèmes là! J’en ai grimpé des sommets pourtant, plus d’un! Mais ici les montagnes grimpent plus à pic et les sommets sont des murs réclamant un peu plus d’escalade, j’imagine… Et aussi, les deux dernières fois, j’avais le choix de ne pas continuer car c’était le bout final dans un cas et un surplus dans l’autre! Cette fois-ci, il en reste trop à monter, pas le choix! Et je l’ai monté, les yeux rivés sur le sentier, sans regarder la pente tombant dans la mer, ce que je déteste le plus en hiking! Comme sur la Napali Coast à Hawaï, le bout tout dégarni par un glissement de terrain vers l’océan et ses rochers pointus. J’avais continué parce que le camping était au bout, et en revenant deux jours plus tard, parce que l’auto était à l’autre bout! Juste pour dire que je DÉ-TES-TE les murs, les falaises et les précipices, même si j’adore me dépasser, moi et mes peurs! Comme aujourd’hui, finalement, j’ai atteint le foutu sommet et en redescendant, ce n’était vraiment pas si difficile! Une phobie est si vite arrivée, augmente si rapidement et peut se traiter aussi vite, juste à foncer! Les yeux fermés! Ou un peu entrouverts, quand même! Hihi!
L’ombre du sommet se dessine sur le magnifique paysage de Hamn i Senja et notre resort!
Et nous avons trouvé, en redescendant sur la vraie Trail, le fameux barrage de 1882! Incroyablement rudimentaire, mais superbe, fait de gros blocs de roche grise, tous empilés en trois rangées courbes créant un “S”. Il retient l’eau encore, laissant un mince ruisseau passer du joli lac en amont jusqu’à la vallée. De hautes fougères ont envahi l’espace de trois pieds entre les murs.
Le second barrage hydroélectrique au monde, construit en 1882!
Nous avons finalement marché pendant 4.5 heures, de retour à 18:30 sur Andrée Anne Rachel, encore au soleil. Les photos furent superbes aujourd’hui avec ce chaud soleil.
Souper aux tortellini. Et je terminais mon audio livre sur CD, “Sans un mot” de Cohen. Claude avait accès au Wi-Fi, pas mon iPad, snif.
La montagne que nous avons grimpée
15 Septembre 2015
Senje-Hopen, Senja 69°31’N 17°30’E
19.90mn, 1516.06mn (2015-2), 1944.14mn (total 2015) QPL
13:21 Je suis encore en sandales! Depuis hier soir après notre retour de randonnée!
Beau ciel bleu encore aujourd’hui. Mer super calme encore. Vents faibles de 3 à 6 noeuds. Belles montagnes acérées, noires aux sommets quelquefois tachés de plaques de neige, ou bien vertes pentes assez abruptes vers la rive.
14:26 Nous sommes maintenant amarrés à un quai de plaisanciers, mais vraiment ce sont des pêcheurs! Nous avons jasé longuement avec le jeune proprio d’un superbe bateau de pêche de 36 pieds, rouge vin et blanc. Ce port de pêche est le meilleur, le plus sécuritaire pour les bateaux, très protégé de la mer, au fond d’un magnifique amphithéâtre de hautes montagnes pratiquement sur 360°! J’exagère juste un peu!
Le port de pêche coloré, quai au bout duquel Andrée Anne Rachel se trouve
Je viens aussi de coller-peinturer une amarre avec un produit scellant rouge, pas vraiment beau sur mon amarre rouge vin, et je ne suis pas certaine de la stabilité du produit! On verra! Au pire on mettra du ruban adhésif!
18:10 Souper aux cheeseburgers, 44$ pour deux avec frites et deux petits Pepsi Max de 500 ml. Pour nous récompenser de nos 25 km de vélo jusqu’à la Trail de demain, à 9 km d’ici. Vaisselle maintenant, celle du lunch, la salade!
Promenade à vélo sur cette dangereuse route, à tunnel en plus!
16 septembre 2015, Senjahopen encore
Superbe journée, beau ciel bleu, pas de vent, pas de pluie, journée idéale pour grimper Breidtind, la plus haute montagne de l’île de Senja, à 1000 mètres d’altitude, sur une dizaine de km, en plus des 22 km aller retour sur grand route et un court tunnel en vélo.
Partis à 9:27 du bateau, nous commencions à gravir à pied la montagne à 10:28, après avoir caché et barré nos vélos dans le petit boisé derrière le stationnement au bord de la route, entre deux tunnels.
Nous avons rencontré dans la première partie de la montée un norvégien de notre âge qui redescendait avec un sac à dos vide. Il revenait de son chalet, construit dans la vallée plus haut, sur le bord d’un beau grand lac. Il a transporté les matériaux sur son dos et celui de sept amis, ainsi que par motoneige et hélicoptère pour les plus gros morceaux. Ça lui a pris trois étés pour le construire. Très joli coin en effet, isolé et tranquille, mais avec quelques voisins quand même!
Montée facile jusqu’à la crête finale, où les choses se sont corsées un peu plus… Quelques endroits plus périlleux à grimper, je DÉ-TES-TE les murs de roche! Qu’à cela ne tienne, j’avais quand même surmonté ma phobie quelques jours auparavant, j’ai continué même si j’avais vraiment le goût de rebrousser chemin. Mais le sentier s’améliorait en largeur, même si les falaises l’encadraient des deux côtés! Nous avons atteint le sommet à 15:00, 1012 mètres à ma montre. Spectacle magnifique au sommet, où un gros cairn trônait sur un pic légèrement séparé par une belle crevasse du plateau plus large, à la même hauteur, mais plus confortable pour jouir d’un bon Pepsi Max et d’amandes au chocolat. Même un rocher plat pour s’y asseoir! Vues extraordinaires sur 360°, un panorama magnifique de toutes les montagnes environnantes plus basses que nous, pointues et courbées. À côté du sommet, le mur vertigineux et très sombre d’un autre pic de la même montagne s’éclairait de gros pans de neige blanche et bleue, cassés sur sa pente à nos pieds. Allure de glacier!
image1.JPG
Claude au sommet de Breidtind, 1012 mètres
Le pic voisin, plus bas que nous et ses morceaux de neige à nos pieds
Vue des montagnes et de quelques lacs au loin à partir du sommet
D’en haut, nous avons aperçu deux autres grimpeurs au pied de notre crête. Et oups, disparus, repartis! Ils ont changé d’idée! Ils redescendent finalement! Je peux comprendre pourquoi!
Et moi, de redescendre plus vite que je ne l’aurais souhaité! Après deux passages très compliqués et vertigineux, qui auraient nécessité des cordes et qui ont même fait remonter Claude deux fois, en quête d’une autre voie, sans succès, un troisième passage me scie les jambes, ma peur me commande de trouver une autre façon de descendre. Au lieu du précipice et du vide derrière Claude, qui descend à reculons et ne semble pas très rassuré ni rassurant, je décide de prendre à droite, car il y a une terrasse où je pourrais atterrir. Oui, il y a bien un mur à descendre avec peu de poignées… Et je ne vois pas très bien où mettre mes pieds, car la hauteur est plus longue que mes courtes jambes, mais je demande à Claude de contourner le flanc et de venir me voir et me guider pour descendre à reculons! Oh oui! Descendre! Vite! Sur le dos! J’ai perdu prise des deux mains alors que mes pieds ne trouvaient plus de prise solide! Je suis partie à la renverse, sur le dos, tombant de sept pieds environ sur un rocher heureusement à angle vers la montagne, arrêtant ainsi ma descente. Chutant sur mon sac à dos, ce dernier m’a protégé colonne et cou, sinon j’aurais certainement eu la colonne cassée! Je me suis frappé un peu la tête, à peine, un miracle, et j’ai rebondi vers la gauche, tête première dans un creux de rocher sur la petite terrasse qui m’avait attirée! Rendue à quatre pattes, je me suis sentie écrasée en deux temps par mon sac à dos, qui a encore rebondi sur ma tête, fracassant ainsi ma pince à cheveux et la faisant pénétrer dans mon cuir chevelu à droite, en avant, alors que je porte habituellement ma pince en arrière à gauche! Les choses ont bougé! Claude accourut, me croyant morte, me dira t’il plus tard! Il me criait d’attendre avant de me relever, me demandant si j’étais capable de bouger ou si j’étais étourdie… Non, tout bouge et je ne suis pas étourdie, juste contente d’avoir cessé de voler dans les airs, et d’avoir passé mon mur! En me relevant à quatre pattes, je vois une roche mince, debout, pointue, juste entre mon menton et ma poitrine! Je ne sais par quel miracle je ne me suis pas empalé le visage ou la poitrine dessus, ou la tête! Du sang dégoute dans mes lunettes, pas cassées et encore en place, mais la lentille droite complètement opacifiée de rouge. Le sang ne provient que de l’entaille semi circulaire en un “S” de 4 cm sur ma tête, que Claude nettoie au purell, quel bien immense! Et qu’il panse avec une serviette hygiénique maintenue par mon bandeau habituellement chic et ma casquette par dessus! Toujours avoir une serviette hygiénique et un tampon dans votre sac à dos comme pansements d’urgence! Bien pratique! En me relevant je vois que du sang a éclaboussé également mon chandail, mes pantalons, mes guêtres et le sol, aussi jonché des débris de ma pince à cheveux… Mes gants de Trail sont rougis de sang. Je dois faire peur à regarder! Mais je suis vivante, même si un peu amochée! Mon sac à dos pèse douloureusement sur mon sacrum et ma crête iliaque droite, j’aurai sûrement une énorme ecchymose demain! Et aussi mon épaule droite rend pénible l’usage de mon bâton de marche. Rien de cassé mais une élongation ici.
Le reste de la descente fut sans encombres, moins difficile que ces trois endroits maléfiques! Et les vues, spectaculaires, surtout après avoir failli se tuer! C’est toujours comme ça!
Des montagnes sombres surmontent des vallées colorées par des champs de gros rochers couverts de mousse et de lichens, ainsi que par des couvre-sol ras et touffus de toutes les couleurs, du rouge, du jaune, du vert lime, du vert forêt, des bleuets encore délicieux parmi plein de petits fruits rouges et noirs à ne pas goûter par contre, de chaque côté du profond sillon creusé par les bottes des randonneurs le long du sentier, que l’on perd parfois sur les roches ici et là.
Petit étang bordé de “Bear Grass”
Pente colorée au dessus d’un lac où se reflètent montagnes et taches de neige
Arrivés au stationnement à la route vers 18:45, nous avons retrouvé nos vélos. En nous préparant à repartir, nous avons été abordés par un automobiliste, un jeune norvégien, venu nous trouver pour nous demander comment était la montagne car il voulait la monter le lendemain. Superbe, oui, sauf pluie annoncée. Puis il nous parle des quinze ados qu’il veut y amener, oups pas sûrs pour les 15 ados au sommet! À surveiller étroitement sur la crête! En discutant, il s’exclame quand on lui dit que nous sommes venus du Canada sur notre voilier : “I wish you were my parents! They were never doing anything, not moving at all!” Oups, pas sûr, dit Claude que nos enfants seraient si contents s’ils nous avaient vu risquer notre vie aujourd’hui, encore!
Enfourchant nos vélos vers 19:00 en allumant nos petites lumières bien insuffisantes pour se faire bien voir dans le tunnel et à la soirée tombante, nous terminons le dernier 10 km qui nous séparent du bateau, allant chercher notre souper au petit resto de la veille, où ils font de si gros, si bons et si chers cheeseburgers!
Pliant les vélos pour les remettre dans le bateau, nous pouvons enfin relaxer un peu après cette journée éprouvante! Il est 20:00. Après souper, nous partons le chauffage et le moteur pour faire chauffer l’eau de la douche pendant que nous replaçons le bateau et vidons la salle de bain… Et soudainement, le moteur s’éteint tout seul! Misère! Pas besoin de cela en plus aujourd’hui! De l’air dans le tuyau encore, encore à 9 po de diesel… Claude remplit à la main le réservoir de diesel avec 7.5 gallons qui font monter le niveau à 14.5 po… Et le moteur repart! Ouf! Il nous reste encore une autre réserve de 7.5 gallons pour nous rendre à Tromsø dans les jours qui viennent. On repart le chauffage et le moteur, il est 21:25 et ça prend une heure à chauffer l’eau de la douche… J’enlève mon bandeau et le pansement, et TADAAAAM, quelle belle moumoute sur ma tête! Une calotte de cheveux aplatis, tout mêlés, tout collés de sang noir, d’un chic absolu! Pas de photo! Le rinçage délicat fit du bien! Pas le purell! Bonne douche, puis dodo!
17 Septembre 2015
9:57 Nous sommes tout juste partis de Senjahopen, par un beau soleil chaud, sous un vent du Sud, Sud-Est de 13-14 noeuds, actuellement au grand largue sur tribord; bientôt, en mer, il sera au travers ou au près! Ouache.
Belle mer tranquille en matinée
Nous avons dormi un peu sur la corde à linge, Claude assis dans le lit en raison de brulements d’estomac (hamburger assez gros et pas mal tard hier soir, anxiété du moteur d’hier soir, et bien entendu images des falaises d’hier et de moi en tombant,,,) et moi de même, j’ai rêvé une partie de la nuit à des crêtes sur des falaises abruptes, mes bottes avançant tranquillement vues de très haut, i.e. du haut de mes 5’1″ et oups, réveil en tombant! J’ai passé la nuit couchée sur le côté gauche avec des oreillers pour soutenir mon bras droit et ma jambe droite pour amoindrir les douleurs à l’épaule droite et la crête iliaque droite, qui ont mangé le plus gros coup! Et éviter de faire saigner mon cuir chevelu à droite également. Un peu raquée ce matin, un peu plus lente mais je marche! Ouf! Quelle descente hier!
15:52 Nous sommes maintenant amarrés à l’épaule d’un énorme voilier de 80 pieds environ, Southern Star, d’origine française on dirait, qui fait des tours… Personne à bord, mais nous n’avions pas le choix. C’est le proprio de la marina qui nous a envoyés ici car des travailleurs sont à draguer le port et la marina a vidé les pontons où nous nous étions amarrés… Zut! Il fait super chaud, je fais sécher les pantalons et chandails d’hier que nous avons lavés après nos douches hier soir. Finalement la pluie annoncée n’est pas venue nous mouiller, elle a eu pitié! Super. Beau ciel bleu. Et la mer fut tranquille malgré un vent de face. Et effectivement, une sirène prévient tout le monde, incluant les mouettes qu’une explosion sous-marine surviendra dans les minutes qui viennent… Et les mouettes de se précipiter sur les lieux pour ramasser les poissons morts dans le processus! Non, nous n’aurions pas été confortables ni en sécurité à la marina près de l’engin monstrueux de dragage!
Andrée Anne Rachel à l’épaule d’un grand explorateur de 75 pieds, le Southern Star, d’Olivier Pitras
18:00 Après que Claude ait tenté de demander permission au proprio de note hôte auprès de l’industrie à laquelle le gros quai appartient, nous sommes allés nous promener en ville. Achat de quelques brioches et deux petits pains. Le décor est superbe et très différent de ce que l’on a vu à date de la Norvège: les montagnes plus rondes et basses entourent des étendues d’eau turquoise sur des plages de sable fin et pâle! Et il fait chaud, encore, quoique une petite brise se lève et nous fait bien tolérer nos petits manteaux.
Sommarøy, ses montagnes plates et ses eaux turquoises
Eaux turquoises allure du sud!
Peu de temps après notre retour sur Andrée Anne Rachel, nous avons fait la rencontre d’Olivier Pitras, le proprio de Southern Star, le cotre de 75 pieds en aluminium blanc, battant pavillon français mais basé en Norvège depuis 14 ans. Il a été appelé par le proprio de l’usine et du quai, et il est venu nous voir. Nous avons jasé longuement et il était bien d’accord à ce qu’on reste à son épaule cette nuit, il ne partira pas avant février 2016 pour le prochain tour guidé pour voir des baleines en kayak-trimaran à voile! Sa compagnie d’aventure s’appelle 69°Nord. Grand explorateur depuis plus de 26 ans, il connaît bien l’Alaska, la Colombie-Britannique, le Groenland, il fut le premier français à traverser le passage du nord-ouest, et il l’a fait dans les deux sens, ainsi que le passage du nord-est. Il connaît bien Sébastien Roubinet et Isabelle Autissier. Il nous a donné un DVD sur son expédition de 2010 depuis la Norvège tout autour de l’Amérique du Nord.
Puis souper à la morue, vaisselle, quelques émissions, des gratteux et dodo!
France et Claude